Bohemian
rhapsody (Bryan Singer, 2018)
Ce
biopic est un rouleau compresseur de conformisme où la moindre
anecdote crée une chanson de Queen. C'est mis en scène avec une
telle naïveté et une telle laideur de reconstitution qu'il est
parfois difficile de ne pas sourire devant cette lecture grand public
de la vie de Freddie Mercury, d'autant que Rami Malek malgré toutes
les louanges lues ici ou là, a du mal à endosser le débardeur
moulant du chanteur. La scène des lampes entre les deux
appartements, celui de Freddie et celui de Mary la « petite
amie » est le paroxysme du ridicule alors que c'est censé être
un moment tendre. Peut-être que Bryan Singer a sabordé
volontairement cette vision hétéro du chanteur où ses comparses
l'accablent de mille maux, comme un règlement de comptes posthume.
C'était déjà ce genre de revanche des vivants sur le mort qui
plombait le Yves Saint Laurent de Jalil Lespesrt. Le couturier
hier comme le chanteur aujourd'hui étaient montrés comme des
monstres d'égoïsme, des drogués, des alcoolos, des libertins et
ils étaient jugés sévèrement par Pierre Bergé hier et Brian May
et Roger Taylor aujourd'hui. Un film sur Freddie Mercury honnête
reste à faire. Juste avant Bohemian rhapsody, j'ai découvert
la bande annonce de Rocketman avec l'histrion Taron Egerton
dans le rôle d'Elton John. N'en jetez plus !
En
liberté (Pierre Salvadori)
Voici
le meilleur film français depuis des lustres. En liberté se
permet le luxe d'embrasser toute une variation d'éléments comiques
en un seul film. Gags de répétition, comique de situation,
dialogues et répliques hilarantes, troisièmes rôles guignolesques,
gags visuels et ce qui est le plus difficile trouver le bon rythme
pour que ces éléments ne se percutent pas et s'épanouissent
harmonieusement. Comme toute bonne comédie, ces ressorts
rebondissent sur une trame dépressive (la sortie de prison, la mort
d'un époux) et l'étincelle qui embrase tout cela (la révélation
que la légende écrite est très éloignée de la vérité de
l'histoire, bref le mensonge est le pivot du récit) apporte une
singulière romance entre Adèle Haenel et Damien Bonnard. La petite
ombre au tableau reste Pio Marmai, encore une fois sa voix très
sourde et presque inaudible gâche plusieurs scènes. Aussi bon qu'un
bon Blake Edwards.
People
that are not me (Hadas Ben Aroya, 2016)
Premier
film tourné par une cinéaste qui joue dans son film le rôle
principal, situé à Tel Aviv, loin de la mer, loin des lieux
touristiques, People that are not me suit cette jeune femme
qui se prénomme Joy mais qui cache sa joie derrière sa dépression.
Cette dépression est la conséquence d'une rupture avec Yonathan,
Joy ne s'en est jamais remise. Elle coucherait bien avec Nir, le
grand blond prétentieux ou avec Oren le costaud chauve. Elle n'y
arrive jamais et passe son temps devant son ordi, en soirée dans une
boîte de nuit vaguement électro. Le maître mot du film est la
nudité, au sens propre comme figuré poussant le trouble jusqu'à la
scène finale déchirante. Sous des a priori gauches, la construction
du film est rigoureuse et le parcours inéluctable, un peu comme les
films des frères Safdie, un voyage court mais intense de la comédie
vers le tragique.
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