Les
vieux réflexes reviennent toujours au galop. Un policeman patrouille
dans une gare, immédiatement Charlot pense que le flic est là pour
l'arrêter. Car il s'est échappé de prison, comme le montre
l'affichette au tout début du Pèlerin. 1000$ de récompense.
Notre évadé a volé l'habit d'un pasteur qui se baignait dans une
rivière. Ainsi quand le policier passe à côté de Charlot,
celui-ci commence à s'enfuir en courant, comme dans tous les autres
films de Charles Chaplin où les flics faisaient la chasse au
vagabond. Les habitudes ont la vie longue.
Certes,
l'habit fait le moine, mais Charlot a encore un peu de mal à se
rappeler qu'il est censé être un pasteur dans Le Pèlerin.
Or quand deux jeunes amoureux (le garçon est joué par son frère
Sydney Chaplin) décident de prendre le train pour échapper au refus
du père de la jeune femme, le jeune couple espère demander au
pasteur de les marier, mais Charlot pense qu'ils veulent l'arrêter.
La première course poursuite en forme de fuite commence, puis
viennent se greffer le policeman et enfin le père de la fiancée qui
veut arrêter cet hymen.
Passé
cet événement, le faux pasteur veut s'en aller loin de la prison
d'où il s'est échappé (il s'accroche à la grille du guichet). Il
choisit au hasard une destination : Dallas au Texas. Et le
hasard fait bien les choses, là où il débarque, les habitants
attendaient justement leur pasteur, nommé Pim (l'histoire ne dira
pas si le pasteur à qui Charlot en emprunté son habit est
effectivement le révérend Pim). Tous accueillent le faux Pim avec
joie et ce dernier remarque avec contentement une belle femme que
joue évidemment Edna Purviance. Ce sera justement chez elle qu'il va
loger.
« Vous
arrivez pile pour l'office » dit le diacre au pasteur. Dans le
temple, il constate qu'à sa droite, 12 membres de son église ont
pris place. Un gros « 12 » apparaît à l'écran, lui
rappelant le nombre de jurés à son procès. Là encore, son passé
l'envahit et il a du mal à se souvenir qu'il est un autre. De la
même manière quand le diacre procède à la quête, sa première
pensée est de vouloir récupérer cet argent. Il houspille même un
fidèle qui n'a pas donné assez à son goût, c'est qu'il surveille
cette quête comme un maton surveille son prisonnier.
Les
fidèles demandent un sermon. Charlot alias le faux révérend Pim se
lance dans l'évocation de David et Goliath. Le pèlerin s'engage
dans une narration digne d'un comédie de théâtre, d'ailleurs il
recevra des applaudissements, mais uniquement d'un gamin forcé à
venir à l'église et qu'un plan montrait plus tôt s'ennuyer
terriblement. Charlot est content de son sermon. Si content qu'il
vient remercier les fidèles en saluant comme à la fin d'un
spectacle, ça y est il commence à vraiment se sentir habiter par
l'habit.
Je
passerai rapidement sur la séquence du gamin insupportable qui est
drôle mais relève d'un burlesque classique : le gamin, fils
d'une mégère bavarde impénitente et d'un père amorphe (encore
joué par Sydney Chaplin), fait des caprices, tape Charlot, jette de
l'eau. Il piquera le chapeau melon de son père et le pose sur le
gâteau qu'a cuit Edna Purviance. Charlot le recouvrira de crème
anglaise et Sydney Chaplin passera plusieurs minutes à chercher son
galurin. Le père et la mère, tous deux pénibles, partiront enfin.
La
dernière partie du Pèlerin est dédiée à la rédemption de
notre évadé. Encore une fois par le fuit du hasard, il tombe sur
son ancien co-détenu, une brute épaisse qui ne va pas hésiter à
voler cette communauté. Ce dernier se rend que faire le bien est
plus simple que voler. Il rendra l'argent volé par son ancien copain
mais se fera tout de même arrêté par le shérif. Mais ce dernier,
conscient que Charlot s'est racheté, va presque le forcer à
s'échapper. Comme en début de film, ses vieux réflexes de
prisonnier ont la vie dure et ne comprend pas tout de suite qu'il est
libre.
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