Anna
Faris aurait pu devenir la meilleures actrice comique de cette
décennie si les rôles offerts par Hollywood avaient été plus
généreux. Elle avait commencé dans Scary
movie des frères Wayans en
imitation ludique et déjantée du Scream
de Wes Craven, elle avait continué dans Smiley
face de Gregg Araki, le film
le plus cool du cinéaste, poursuivi avec The
House bunny où elle rayonnait
de chaque plan. Les atouts comiques d'Anna Faris, c'est sa drôle de
bouille avec une petite moue des lèvres, une voix éraillée et un
corps en constant mouvement.
En
2011 What's your number
sort en salles. C'est la mode des comédies du concubinage libre,
comme il y avait les comédies du mariage dans les années 1930. En
gros, ces comédies montrent un duo qui se drague, couche ensemble
mais refuse de se mettre en couple. Anne Hathaway et Jake Gyllenhaal
dans Love et autre drogues,
Mila Kunis et Justin Timberlake dans Sexe
entre amis (Friends
with benefits), Natalie
Portman et Ashton Kutcher dans Sex
friends (No
strings attached). On admire
les titres français, celui de What's
your number est (S)ex
list.
Le
partenaire d'Anna Faris (son personnage s'appelle Ally Darling, tout
un programme) est son voisin Colin (Chris Evans). L'acteur venait
d'endosser le costume de Captain America et promettait que What's
your number serait le dernier film où il passerait le plus clair
de ses scènes à moitié nu (c'était son crédo depuis ses débuts
dans Not another teen movie). Effectivement dans What's
your number, il passe la moitié de son à moitié nu et dans sa
toute première apparition, sur le palier de son appartement, il est
complètement à poil.
Colin
est un super macho, pour les producteurs du film, Ally est son
pendant féminin. Tous deux jettent leurs partenaires comme des
mouchoirs après utilisation. Ce qui marche dans What's your
number ce sont ces corps qui n'hésitent pas à être montrés
sous toutes les coutures dans un cinéma hollywoodien qui a une peur
atroce de dévoiler la nudité sauf avec une couverture qui couvre
tout (il n'y a que dans ce cinéma que les femmes couchent avec leur
soutien-gorge).
Le
souci de ce genre de film est leur pitch initial. Ally est persuadée
d'avoir couché avec trop de mec et qu'elle va rester célibataire.
Elle a lu un article dans un magazine féminin (le générique du
film dépeint des articles sur ce conformisme du mariage, sur ces
conseils pour être belle, riche et mariée, l'inverse de la vie
présente de Ally. Peut-être qu'elle pourrai trouver chez ses ex
celui qui passerait sa vie avec elle. C'est le défilé des anciens
petits-amis qui commence. Le comique tient dans le caractère
loufoque de chacun d'un.
Le
typage est volontiers épaissi. Le goujat : un gynécologue
(Thomas Lennon) ne reconnaît Ally qu'en auscultant son vagin.
L'obsédé : un marionnettiste (Andy Samberg) n'a jamais revenu
d'Ally et commence à se branler avec sa marionnette devant les
enfants. L'obèse : Donald (Chris Pratt) croise Ally à
plusieurs reprises dans un mouvement d'effroi. Le gay : un
politicien (Anthony Mackie) veut épouser Ally pour devenir le
premier président des USA noir et gay. Le distingué : un
Anglais (Martin Freeman), Ally lui a fait croire qu'elle est aussi
Anglaise.
Toutes
ces anciennes connaissances, c'est Colin qui les a retrouvées. Ally
a passé un marché avec lui. Colin cherche les ex d'Ally. Il peut
venir se réfugier chez elle quand un de ses coups d'un soir reste
dans son appartement. Le film tente de faire croire qu'Ally est
dégoûté par le comportement macho de Colin comme par sa nudité,
par ses avances grossières. Le film est drôle dès qu'Anna Faris
use de sa maladresse et de sa mauvaise foi, il s'embourbe avec les
bons sentiments. Il faudrait pouvoir couper toutes les scènes
familiales.
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