Cinq
ans plus tard, l'équipe des Ghostbusters est bien désœuvrée. On
pourrait les qualifier de ringards intégraux, ils sont logiquement
oubliés puisqu'ils ont supprimé tous les fantômes de New York en
1984. Egon (Harold Ramis) a repris sa place d'enseignant à
l'université, Venkman (Bill Murray) anime une émission de télé
sur le paranormal où les invités sont persuadés d'avoir été
enlevé par des aliens à moins que l'un d'eux annonce la fin du monde pour
dans deux semaines. Ray (Dan Aykroyd) et Winston (Ernie Hudson)
vivotent aussi, pour arrondir les fins de mois, ils font des
animations pour les anniversaires, Ray tient une boutique de
paranormal.
Puisque
Ivan Reitman et ses acolytes ont décidé de faire une suite, on se
doute qu'ils vont reprendre du service. SOS Fantômes II commence par
une sorte d'hommage à la scène du landau d'Eisenstein (pas certain
que ce soit forcément voulu, quoique). Dana Barrett (Sigourney
Weaver) est devenue maman (Venkman n'est pas le père, elle est
sortie avec lui après le premier film mais ils se sont séparés).
Dana promène bébé, la roue du landau passe sur du slime sorti du
bitume et le landau avance seul à travers les rues de Manhattan.
Symboliquement, ce bébé est le spectateur qui jouit de ce spectacle, SOS Fantômes
II est clairement destiné à un public très jeune et ça se sent.
Pourtant
le méchant du film sort d'une chouette idée, il est prisonnier d'un
tableau. Vigo (Wilhelm von Homburg, un ancien boxeur allemand) fût
le bourreau des Carpates. Le directeur du musée, Janosz Poha (Peter
MacNicol) prépare une exposition où le tableau sera mis en avant.
D'ailleurs, ce musée d'art moderne (on voit une banderole pour une
expo sur Degas) a pour décor le National Museum of the American
Indian. Vigo prend possession de l'âme de Janosz et exige le corps
d'un nouveau né pour se réincarner et devenir le maître du monde.
Comme Dana est bénévole dans ce musée, Janosz choisit son bébé
pour l'offrir à Vigo.
Annie
Potts voit son personnage de Janine, la secrétaire blasée de tout, réduit à la portion congrue mais elle gagne en excentricité
(cheveux rouges vifs, grosses lunettes rondes). Ceci dit elle fera office de baby sitter pour
garder le bébé de Dana, excentrique certes mais l'âme d'une maman.
Le rôle d'Eric Moranis s'est étoffé (comme Annie Potts toujours équipé de lunettes). On se rappelle que dans le
premier film, Louis Tully se tapait Dana au nez et à la barbe de
Venkman. Cette fois, il fricote avec Janine dans l'appartement de
Venkman venue soutenir sa collègue, quel bourreau des cœurs. Il a
désormais pratiquement intégré l'équipe des Ghostbusters par un
twist scénaristique.
La
meilleure scène comique de SOS Fantômes II on l'a doit justement à
Eric Moranis. Ainsi entre les deux films il est devenu avocat. C'est
lui qui est choisi pour défendre les Ghostbusters quand ils sont
accusés de sabotage. Sa maladresse fait des merveilles gaguesques
face à l'autoritarisme d'un juge hurlant. Tandis qu'il sabote sa propre plaidoirie (Venkman lui souffle les questions qu'il doit lui
poser), les fantômes de deux condamnés à mort par ce même juge
viennent envahir la salle d'audience et créent la panique. Il faut
constater aussi l'amélioration flagrante des effets spéciaux quand
les revenants apparaissent.
Pour
l'anecdote, j'avais vu SOS Fantômes II au cinéma à sa sortie en
décembre 1989, avec mes parents. Mon père avait lu l'avis fort
favorable du Canard enchaîné (rubrique « les films qu'on
peut voir cette semaine »). Mon père avait détesté, il ne
m'a jamais plus emmené au cinéma. Il faut dire que SOS Fantômes II
souffre de deux énormes défauts. Son finale avec l'arrivée de la
Statue de la Liberté et tout New York uni pour détruire Vigo est
atrocement hideux et démagogique. A cela, il faut ajouter un
désastreux choix musical, des espèces de chanson rap d'une rare
médiocrité, de la soul de supermarché, c'était à la mode à
l'époque, c'est aujourd'hui encore plus pénible qu'en 1989.
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