lundi 9 avril 2018

Mission to Mars (Brian De Palma, 2000)

Il faut attendre 40 minutes, l'équivalent de deux bobines film 35 mm, pour que Brian De Palma daigne montrer le bout de son nez et balance sa grande mise en scène et son style. Navette spatiale en direction de Mars. Epoque : l'année 2021. Présents quatre astronautes américains de la NASA. Woody (Tim Robbins), Terry (Connie Nielsen) – tous les deux sont en couple, Phil (Jerry O'Connell) et Jim (Gary Sinise). Ils s'apprêtent à se poser sur la planète rouge et actionnent les commandes en écho avec l'ordinateur.

Soudain, de minuscules météorites atteignent la navette. Phil projette sa main contre un écran de contrôle en verre et du sang coule. La magie des effets spéciaux opère, le sang en fines gouttelettes est aspiré par la brèche. Woody va colmater ce trou. La séquence rappelle l'apesanteur subie par Tom Cruise dans Mission impossible lors de l'intrusion dans les bureaux du FBI. Plus encore que dans ce précédent film, Brian De Palma joue sur la verticalité et l'horizontalité des corps qui se déplacent avec lenteur et minutie.

La musique d'Ennio Morricone joue un tempo volontairement lent. Quatre notes lancinantes au synthétiseur (un Hammond ou un Moog) appuyées par une ligne de basse aux accords graves puis quelques notes aiguës de violon pour accentuer la tension. Ce qui frappe est la belle idée d'opposer la modernité de la technologie de la navette (ordinateur etc) et la ligne simplissime et presque archaïque de la musique. Une manière radicale de décrire que justement cette technologie se détraque et menace les astronautes.

La mission pour Mars a pour but de sauver Luke (Don Cheadle) parti quelques mois plus tôt avec d'autres astronautes (des seconds rôles qui meurent tous, comme souvent les seconds rôles). La technologie c'est aussi dans Mission to Mars les effets spéciaux que n'a jamais Brian De Palma utilisé aussi intensément, parfois avec une rare laideur accentuée avec le temps, comme l’engloutissement par un vers de sable des premiers astronautes. Seul Luke survit à l'attaque de cette tempête de sable martienne.

Les avanies se poursuivent pour l'opération de sauvetage avec l'explosion du moteur de la navette spatiale puis l'arrivée du deuxième équipage largué dans l'atmosphère de la planète rouge. La technologie ne peut rien, c'est pour cela que Luke, isolé plus d'un an sur Mars, a construit une serre où il fait pousser des plantes et recueille de l'eau (15 ans avant l'agréable Seul sur Mars de Ridley Scott et 28 ans après Silent running de Douglas Trumbull où Bruce Dern faisait l'agriculteur mais vers Saturne et dans sa fusée).

Mission to Mars est un hommage à 2001 l'odyssée de l'espace. En début de film, Jim pose son empreinte sur les cailloux rouges de son jardin et par un simple raccord on passe au sol martien. Plus tard, la vie quotidienne est décrite, les personnages font du sport, lisent ou dansent sur du Van Halen dans une roue de la même manière que Stanley Kubrick abolissait la gravitation dans une description réaliste de l'espace. En revanche, dans Mission to Mars, le son des moteurs existe dans cet espace inter-sidéral.

Le film est loin d'être parfait. Ce qui navre le plus est le couple Tim Robbins Connie Nielsen. Il faut le rappeler, un couple dans une mission si risquée et lointaine ne peut apporter que des ennuis. Quand Woody décide de se sacrifier pour sauver ses trois autres compagnons, on a droit à une scène d'une grande mièvrerie, certes c'est une façon d'apporter encore du suspense. De la mièvrerie, on peut aussi en trouver dans la séquence où une martienne instruite les Terriens sur leur origine, une réponse naïve aux adeptes du créationnisme. Malgré tout, j'aime cette séquence.


Sur le dernier plan du film, THE END apparaît en toutes lettres. En 2000 quand sort Mission to Mars, plus aucun film n'écrit The End en fin de film. Mon hypothèse, 18 ans après la sortie du film, est que Brian De Palma faisait ses adieux à Hollywood, lassé par cette expérience de film de science fiction catastrophe où il a pu mettre si peu de lui-même. Ses films suivants seront produits par des producteurs français et parfois tournés en France comme Femme fatale. Je les aime un peu mais pas autant que ses films américains.
































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