Katie
est d'abord un visage filmé en gros plan par le cinéaste Wayne
Roberts. Katie says goodbye est son premier film, son prochain
s'appelle Richard says goodbye avec Johnny Depp dans le rôle
de Richard. Olivia Cooke donne son visage à Katie, double visage
puisqu'elle est en face d'un miroir, en train de se maquiller, avec
un grand sourire. Petite blonde aux cheveux courts légèrement
bouclés, habillée tout en rose, une petite poupée dans sa chambre.
Pour l'instant, Katie est dans une petite boîte, sa chambrette, elle
hésite à sortir, elle entend des râles à côté, des cris de
coït.
Bienvenue
en Arizona, au milieu de nulle part. Là vit Katie et sa mère, c'est
elle qui couchait dans la pièce voisine, une promiscuité qui
contraste avec l'horizon infini du désert où se trouve le hameau où
elles vivent. On ne peut même pas parler de village. Katie et sa
mère Tracey (Mireille Enos) logent dans des baraquements posé sur
le sable. Le propriétaire, un vieux cow-boy, réclame régulièrement
le loyer. Katie dans son petit uniforme rose part au travail à pied.
Sur le chemin, elle salue le cheminot d'un train qui actionne son
klaxon.
Le
boulot de Katie est serveuse dans un diner typique, mauvais café,
hamburgers au menu et routiers comme clients. Katie prend sa pause,
elle rejoint Bear (Jim Belushi, le film a été tourné avant Wonder
wheel de Woody Allen). Ils passent dans la couchette du
poids-lourd. La petite taille de Katie couchée sur le corps massif
et poilu de Bear. Ils se câlinent, il lui donne un petit billet et
retourne au travail. Toujours avec ce petit sourire, cet entrain qui
donne le ton au film, un calme incroyable dans cette sécheresse.
C'est
la double personnalité de Katie qui est mis en avant, elle se
prostitue dans son hameau avec les hommes qu'elle connait, outre
Bear, elle couche avec l'un de ses anciens professeurs. Dans sa
voiture, accrochée au pare-brise une croix brillante, il a beau être
enseignant et chrétien, il couche avec elle. La fille de ce
professeur travaille avec Katie, elle ignore tout de l'activité de
sa collègue, tout comme Maybelle (Mary Steenburgern) sa douce et
compréhensive patronne. Katie économise son argent pour quitter le
coin.
Avec
qui pourrait-elle partir en Californie, à San Francisco. Pas avec sa
mère qui dépense l'argent en bière, en file à son mec du moment
au lieu de payer de loyer. Elle croise le regard de Bruno
(Christopher Abbott), un mécanicien du coin, l'extrême opposé de
Katie. Taciturne, la mâchoire serrée, habillé d'un t-shirt noir.
Elle veut qu'il vienne avec elle à San Francisco, elle dit qu'elle
l'aime, il a du mal à lui répondre. « Tu ne souris
jamais ? », non, il confesse. Lui, n'a jamais quitté
l'Arizona, son dernier voyage, il l'a fait en prison.
Toute
cette romance si rose et gentille ne pouvait pas continuer ainsi, le
grain de sable du désert va enrayer cette belle machine amoureuse.
La deuxième face du visage de Katie va être révélée à tous les
habitants du hameau. Wayne Roberts ne s'embarrassait pas dans la
première partie à disséminer des signes de la chute irrémédiable
de Katie si ce n'est par quelques note de musique. Avec tendresse, il
explore la fatalité de son personnage où tout l’échafaudage de
sa vie, si longuement si laborieusement construit pour échapper à
son destin s'effondre petit à petit.
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