mercredi 25 avril 2018

Katie says goodbye (Wayne Roberts, 2016)


Katie est d'abord un visage filmé en gros plan par le cinéaste Wayne Roberts. Katie says goodbye est son premier film, son prochain s'appelle Richard says goodbye avec Johnny Depp dans le rôle de Richard. Olivia Cooke donne son visage à Katie, double visage puisqu'elle est en face d'un miroir, en train de se maquiller, avec un grand sourire. Petite blonde aux cheveux courts légèrement bouclés, habillée tout en rose, une petite poupée dans sa chambre. Pour l'instant, Katie est dans une petite boîte, sa chambrette, elle hésite à sortir, elle entend des râles à côté, des cris de coït.

Bienvenue en Arizona, au milieu de nulle part. Là vit Katie et sa mère, c'est elle qui couchait dans la pièce voisine, une promiscuité qui contraste avec l'horizon infini du désert où se trouve le hameau où elles vivent. On ne peut même pas parler de village. Katie et sa mère Tracey (Mireille Enos) logent dans des baraquements posé sur le sable. Le propriétaire, un vieux cow-boy, réclame régulièrement le loyer. Katie dans son petit uniforme rose part au travail à pied. Sur le chemin, elle salue le cheminot d'un train qui actionne son klaxon.

Le boulot de Katie est serveuse dans un diner typique, mauvais café, hamburgers au menu et routiers comme clients. Katie prend sa pause, elle rejoint Bear (Jim Belushi, le film a été tourné avant Wonder wheel de Woody Allen). Ils passent dans la couchette du poids-lourd. La petite taille de Katie couchée sur le corps massif et poilu de Bear. Ils se câlinent, il lui donne un petit billet et retourne au travail. Toujours avec ce petit sourire, cet entrain qui donne le ton au film, un calme incroyable dans cette sécheresse.

C'est la double personnalité de Katie qui est mis en avant, elle se prostitue dans son hameau avec les hommes qu'elle connait, outre Bear, elle couche avec l'un de ses anciens professeurs. Dans sa voiture, accrochée au pare-brise une croix brillante, il a beau être enseignant et chrétien, il couche avec elle. La fille de ce professeur travaille avec Katie, elle ignore tout de l'activité de sa collègue, tout comme Maybelle (Mary Steenburgern) sa douce et compréhensive patronne. Katie économise son argent pour quitter le coin.

Avec qui pourrait-elle partir en Californie, à San Francisco. Pas avec sa mère qui dépense l'argent en bière, en file à son mec du moment au lieu de payer de loyer. Elle croise le regard de Bruno (Christopher Abbott), un mécanicien du coin, l'extrême opposé de Katie. Taciturne, la mâchoire serrée, habillé d'un t-shirt noir. Elle veut qu'il vienne avec elle à San Francisco, elle dit qu'elle l'aime, il a du mal à lui répondre. « Tu ne souris jamais ? », non, il confesse. Lui, n'a jamais quitté l'Arizona, son dernier voyage, il l'a fait en prison.

Toute cette romance si rose et gentille ne pouvait pas continuer ainsi, le grain de sable du désert va enrayer cette belle machine amoureuse. La deuxième face du visage de Katie va être révélée à tous les habitants du hameau. Wayne Roberts ne s'embarrassait pas dans la première partie à disséminer des signes de la chute irrémédiable de Katie si ce n'est par quelques note de musique. Avec tendresse, il explore la fatalité de son personnage où tout l’échafaudage de sa vie, si longuement si laborieusement construit pour échapper à son destin s'effondre petit à petit.

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