L'acteur
Verne Troyer, qui vient de décéder à 49 ans, était
essentiellement connu pour avoir joué le clone miniature du Dr.
Denfer – ou Dr. Evil en américain – de deux des aventures
d'Austin Powers l'espion britannique sorti de l'imagination perverse
de Mike Myers. Mini Me, tel était son nom, est un personnage muet,
une reproduction primitive du maître du Mal. Sa petite taille, due
dans le scénario à un énième ratage du Dr. Evil, était
inversement proportionnelle à son agressivité, Mini Me est comme un
animal de compagnie remplaçant le chat du premier film qui rendait
hommage à Telly Savalas dans Au service secret de sa Majesté,
le meilleur James Bond (le look d'Austin Powers est un pastiche de
Telly Savalas).
Des
trois Austin Powers, Goldmember est le meilleur, et quand
j'écris meilleur, je veux dire que c'est un sommet de la comédie
américaine dans ce genre si particulier qu'est le film parodique
avec tout ce que cela implique : des références détournées
de leur sens original (dans ce domaine seul Michel Hazanavicius a
égalé une telle réussite avec ses deux OSS 117). Un film
entièrement placé sous les signes du double et du reflet, forcément
déformés et retransformés, à l'image de ce clone taille réduite
que joue Verne Troyer. Son personnage passera d'ailleurs du côté du
Bien, en l'occurrence celui d'Austin Powers. Il abandonnera le
complet argenté du méchant et la calvitie pour revêtir une
perruque et des frusques colorées.
La
séquence du pré-gérénique d'Austin Powers in Goldmember
est l'une des merveilles du cinéma de divertissement comme seul
Hollywood peut en proposer. Ce thème du double est élaboré en
imaginant que Tom Cruise ait accepté de jouer Austin Powers. Dans un
pastiche de belle confection des Mission impossible (en
l'occurrence celui de John Woo), Kevin Spacey est le Dr. Evil et
Danny De Vito, pointant vigoureusement son majeur, est Mini Me. La
belle plante à la bouche pulpeuse est Gwyneth Paltrow, portant le
délicat pseudo de Dixie Normous (dick's enormous), le tout réalisé
par Steven Spielberg avec à la musique Quincy Jones qui dirige son
orchestre sur son magnifique thème de 1963 Soul Bossa Nova.
Cette
entrée en matière où le champion du box-office, Tom Cruise, est
une vision chic de l'espion du cinéma le plus vulgaire qui soit
amène des multiplications de personnalité infinie. Mike Myers joue
désormais quatre hommes plus dégénérées les uns que les autres.
Outre Dr. Evil et Austin Powers, il est à nouveau Fat Bastard,
l'Ecossais velu mais aussi Goldmember le Batave. Tous sont des
obsédés sexuels et chacun poursuit Foxxy Cleopatra (Beyoncé) de
ses assiduités sur un mode comique différent frôlant sans cesse le
bon goût sans jamais tomber dedans. Le tout dans un univers
terriblement disco : Beyoncé chante une variante de That's the
way I like ti de KC and the Sunshine Band, tout le monde est coincé
dans les années 1970, âge d'or du film d'espionnage sexuel et
coloré.
Les
films Austin Powers voyagent dans le temps, ce qui permet à certains
personnages d'être joués par plusieurs acteurs (Numéro Deux,
l'éminence grise du Dr. Evil est incarné par Rob Lowe et Robert
Wagner suivant son âge). Dans Goldmember, le retour du père
(Michael Caine qui fut l'espion Harry Palmer), dragueur inconséquent
comme Austin Powers provoque le retour du fils prodigue du Dr. Evil,
Scott (Seth Green), fils humilié régulièrement par son père et
Mini Me. Devenu méchant à son tour, son physique et sa tenue se
modifient pour ressembler à son père et chasser Mini Me. Depuis
2002, les aventures d'Austin Powers se sont arrêtées, les espions
ne pratiquent plus leur activité dans un tel délire de priapisme,
on ne traite plus un acteur comme Verne Trayer ainsi et même les
parodies sont moins éclatantes.
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