mercredi 20 mai 2020

Soyez sympas rembobinez (Michel Gondry, 2008)

J'aime bien Soyez sympas rembobinez, c'est le seul film de Michel Gondry qui parle de films. Il est aussi son moins prétentieux, son plus simple, parce qu'il faut quand même bien le dire, parfois il se la joue un peu, non seulement avec ses allers-retours entre le rêve et la réalité mais aussi dans ses petites bricolages qui retiennent la part enfantine de ses personnages pour la poser sur celle des spectateurs.

Ici, c'est la VHS. Elle n'est plus qu'un vieux souvenir, sauf pour certains qui gardent encore précieusement les cassettes où se trouvent des films jamais diffusés sur d'autres moyens de vidéo (j'en connais). J'ai peu pratiqué la VHS, mais je pratique à fond le DVD (avec lesquels je fais pas habituelles captures d'écran de film, mon pêché mignon). Le vidéo-club de Elroy Fletcher (Danny Glover) ne loue à ses clients que des VHS.

L'employé Mike (Mos Def) doit tenir la boutique pendant l'absence du proprio, sous la houlette d'une voisine collante incarnée par Mia Farrow. Une vieille dame excentrique mais pas trop qui héberge toute une bande de latinos dans son minuscule appartement. Fletcher lui demande donc de surveiller Mike. Il faut dire qu'il est un peu lymphatique, terre à terre, pour rester simple, on dirait qu'il est un peu lent.

En revanche, son ami Jerry (Jack Black) est une pile électrique. Il faut vraiment prendre les personnages de Michel Gondry au pied de la lettre et le choix de Jack Black pour ce rôle de type en mouvement perpétuel (paroles et gestes) est parfait. Jerry c'est celui par qui la catastrophe arrive, celui qui désactive toutes les VHS pour n'en faire que de la neige sur les télés. Dans d'autres films, ce serait un scénario de film d'horreur, ici c'est du burlesque.

Dans le tournage des films pour remplacer ceux effacés par l'électricité de Jerry, Jack Black fait l'acteur principal avec des mimiques toutes empruntées au cinéma muet. Il est évidemment parfait dans cette partition. Il réinvente le cinéma, production, scénario, interprétation et diffusion. Le système des studios dans toute sa splendeur pour commencer. Les clients du vidéo-club sont ravis de découvrir ces remakes de Ghostbusters, Rush hour 2 et Robocop.

Le film se love dans un romantisme créatif qui n'est dérangé que par le melon de Jerry qui se prend pour une star. Il se pavane dans la rue en signant des autographes. Il veut choisir sa vedette féminine. Car au début, la femme est jouée par Wilson (Irv Gooch), son employé. Il choisit au hasard une jeune femme, mais c'est Alma (Melonie Diaz), au visage étrange – elle bouge sa bouche dans tous les sens – qui devient la vamp des remakes.

Sous une forme de fable optimiste, le film se charge de confronter la gentillesse de ce beau beau monde par deux réalités : la gentrification du quartier où la fin du vidéo-club signifie la construction d'un immeuble moderne et les copyrights réclamés par une Sigourney Waever parfait, comme toujours, pour les gros studios hollywoodiens. Ils exigent une somme astronomique, plusieurs milliards de dollars. Rien que ça.


Dans cette petite ville du New Jersey, la célébrité locale, le jazzman Fats Waller, se voit consacrer un film muet en noir & blanc avec toute la bande. Finalement Soyez sympas rembobinez est un documentaire sur ces petits films, tendrement appelés suédés, non pas tant comme une mise en abyme du cinéma de Michel Gondry que le cinéma vu comme un art de la débrouille pour s'éloigner de Hollywood tout en lui damant le pion.



























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