mardi 26 mai 2020

La Guerre des mondes (Steven Spielberg, 2005)

Il doit bien exister une analyse fine et précise des personnages de père dans les films de Steven Spielberg. Pour le faire vite, ils sont tous minables. Dans les quelques films que j'ai vus récemment, ceux avec donc des extra-terrestres, on a Richard Dreyfuss dans Rencontres du troisième type, il abandonne sa famille et part avec une mère célibataire (on ne saura jamais qui est le père de son fils capturé). Dans E.T., le père d'Elliott est absent.

Si l'on regarde Indiana Jones à travers ses quatre épisodes, il est célibataire dans le premier, il a un fils de substitution dans le deuxième, un gamin qu'il a du mal à supporter, il est le fils de son père Sean Connery dans le troisième, il se fera humilier en se faisant appeler Junior, Sean Connery est un père absent toute sa vie. Et enfin, dans l’innommable navet qui sert de quatrième aventure, Indiana Jones découvre qu'il a un fils.

Je peux continuer avec Sam Neil qui ne supporte pas les enfants dans Jurrasic Park, il refuse d'en avoir avec sa copine Laura Dern mais sera un père parfait pour les deux gamins dans leur course poursuite avec les dinosaures. Et le summum de la paternité est Attrape-moi si tu peux, Leonardo Di Caprio a deux pères, un type minable (Christopher Walken) et un père de substitution ; le flic qui le poursuit sans cesse (Tom Hanks).

Dans La Guerre des mondes, le père c'est Tom Cruise. Un ouvrier manutentionnaire qui dépense toute sa paie non pas pour s'occuper des ses deux enfants mais pour sa bagnole, une belle voiture de sport avec laquelle il rentre chez lui le soir. Rien dans le frigo alors que la père des enfants, divorcée et remariée à un homme plus respectable, doit laisser les deux mômes pour le week-end. Nous sommes dans une banlieue quelconque de New York.

Ce père doit faire face à deux personnages qu'il ne connaît pas. Le fils aîné Robbie (Justin Chadwin) pique la bagnole et va faire un tour en ville. La fillette Rachel (Dakota Fanning) se plaint que son père ne la connaît pas et qu'il menace sans santé quand il veut lui faire manger des aliments auxquels elle est allergique. Vraiment ce Ray est un père indigne qui ne sait rien faire. De rage devant sa nullité, il jette le pain de mie au beurre de cacahuète sur les vitres de la fenêtre.

C'est une mise en bouche ironique, pour Tom Cruise il est plus difficile d'affronter ses deux rejetons que les méchants extra-terrestres. Tom Cruise n'est pas un acteur qu'on embauche pour faire la dînette à deux gamins capricieux mais pour sauver le monde. C'est son rôle dans la cinéma hollywoodien. Dans La Guerre des mondes, il va sauver ses deux enfants de la furie destructrice des tripodes, c'est déjà pas mal.

On se le rappelle, c'était le cinéma post 11 septembre. C'est Steven Spielberg qui a le mieux filmé la stupéfaction sur les visages des anonymes devant la destruction de leur mode de vie par une entité dont ils ignoraient l'existence jusqu'alors. Tom Cruise est là, le visage hébété devant ces explosions incompréhensibles, ses cheveux sont vite recouverts de la poussière des bâtiments qui s’effondrent. Il s'agit de fuir et vite.

A vrai dire, Tom Cruise et ses enfants ne fuient pas. Ils partent recomposer la cellule familiale à Boston où se trouve la maman divorcée. Parenthèse : je serais curieux de savoir comment ils se sont rencontrés, de connaître la raison pour laquelle ils se sont plus, lui le docker, elle l'intello. Sans doute cette force de vie qui lui permet désormais de braver tous les obstacles entre sa maison et Boston. Un coup de cœur qui s'est transformé en divorce. Fin de la parenthèse.

L'arrivée des méchants extra-terrestres est soignée. Des superbes effets spéciaux façon « Cecil B. de Mille » avec ces nuages qui s'accumulent au dessus des innocentes victimes potentielles. C'était déjà ainsi dans Rencontres du troisième type mais sur un mode gentil. Des éclairs dignes de la colère divine, des explosions du sol et l'extermination des humains. Poétique funeste, les vêtements des victimes volent dans l'air. Beauté des scènes de foule toutes réussies.


Reste le problème principal du film : la fuite en voiture (ils seront les seuls à arriver à fuir en voiture) une suite interminable de cinéma d'action ponctué de moments plus calme pour permettre à notre héros de devenir le père qu'il n'a jamais été. Il faut se farder les incohérences diverses, la rencontre avec Tim Robbins et la fin bâclée des aliens (bien moins cocasse que dans Mars attacks). Qu'on se rassure, Tom Cruise arrivera à Boston sain et sauf.



































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