dimanche 10 mai 2020

Films de Paul Nadar (1896 - 1898)

Quelque chose d'émouvant se passe toujours quand je regarde des très vieux films. Là c'est difficile de faire plus anciens que les films de Paul Nadar que la plate-forme de la Cinémathèque française a mis hier à notre disposition. Ce qui est émouvant est moins les films eux-mêmes. On le voit, ils sont très mécaniques. Ces deux sœurs Rippo en début de programme font ce qu'elles peuvent pour ne pas dépasser dans le cadre très restreint de la caméra sans perforation de Paul Nadar. Elles doivent exécuter leurs numéros vedettes de music-hall en moins d'une minute, sans se tromper. On dicerne clairement que le premier (Danses slaves) est moins abouti que le deuxième (Danses russes) où elles sortent en toute fin une banderole promotionnelle.

Paul Nadar se filme dans des situations, des tests j'imagine. Il fait de l'escrime. Mais il fume la pipe pendant son sport. Il s'allume une cigarette avant d'ouvrir son journal. Mais il referme vite le journal qui fait écran entre le spectateur et lui. Là les films sont encore plus courts (30 secondes). Ce qui est émouvant donc dans cette sélection de dix films c'est de se demander qui pouvait être les destinataires de ces films. Pour les sœurs Rippo, comme pour les deux autres expositions théâtrales, elles semblent être strictement publicitaires. Elles appellent les spectateurs de ces films à venir voir les artistes dans leurs spectacles. C'est peut-être le cas, peut-être que je me trompe, mais ça me plaît d'imaginer que Paul Nadar a d'abord été un publicitaire du cinéma.


Les deux derniers films ont un aspect plus documentaire. Paul Nadar a filmé la Rue Royale et la Place de la Concorde. Ce que je remarque c'est que Paris en 1898 était déjà embouteillé. Ça grouille de calèches, de chariots et de passants. Cela aussi c'est émouvant, de se demander qui pouvaient bien âtre ces gens qui passent là. Et surtout ce type qui passe avec sa carte, il cherche son chemin. Il ressemble fichtrement à Paul Nadar. Il force un homme à revenir dans le cadre, dans un mouvement de fiction au milieu de son document filmé. Voilà, cette dizaine de films de Paul Nadar sont visibles sur Henri. Ça aussi c'est fort et émouvant de savoir que 120 ans plus tard à peu près 700 personnes (le décompte le dit) ont pu voir ces films peuplés de fantômes du cinéma.











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