lundi 11 mai 2020

La Débandade (Claude Berri, 1999)

Après Le Mâle du siècle, Claude Berri a décidé de ne plus jouer dans ses films, jusqu'à La Débandade. En 22 ans, Claude Berri est devenu ce nabab du cinéma français, surtout haï quand sort La Débandade, comme je le rappelais dans mon court hommage à Tonie Marshall. Cette même année 1999, il a produit Astérix et Obélix contre César, plus gros succès du cinéma de l'année. En 22 ans, il s'est tourné vers le cinéma en costumes (Jean de Florette, Uranus, Germinal) 30 millions de spectateurs en tout.

Claude Berri a fait un peu l'acteur, chez d'autres, chez Patrice Chéreau, pour Serge Gainsbourg (Stan the flasher) avec une certaine tendance pour l'exhibitionnisme. Comme jadis, il se retrouve à poil avec sa bonne bedaine et son petit air d'oiseau triste. Effectivement, dans les premières minutes de La Débandade, il nous sert une scène de lit avec Fanny Ardant, qui joue son épouse depuis 15 ans. Lui, c'est Claude Langmann, elle c'est Marie. Au lit, quand il ne veut pas coucher avec elle, elle lit Cioran.

J'étais allé voir La Débandade au cinéma. Par pure provocation. Je le redis, c'était l'homme le plus détesté du cinéma français, plus que Luc Besson. Et aussi parce que les Cahiers du cinéma en disait plutôt du bien. Je n'avais pas vu un film depuis Manon des sources. Un bail. C'est vrai que le film cherche une forme très modeste qui n'a pas attiré beaucoup de monde en salle. C'est le moins qu'on puisse dire, c'est même un bide total pour ce récit qui tourne à la fois sur la coupe du monde de football 1998 et le viagra.

Ce pauvre Claude ne bande plus. Marie n'en a rien à secouer. Ça lui convient (sans doute parce qu'elle lit Cioran), mais Claude ne supporte plus de l'avoir molle. Il consulte. Premier médecin (François Berléand), y a rien à faire. Deuxième médecin (Alain Chabat), il lui propose quelques solutions. Alain Chabat avec un sens incroyable du geste est le seul à faire rire dans le film, en quelques scènes, il prend tout. Il a surtout un tempo prodigieux pour terminer ses scènes par un sourire niais et annoncer le tarif « 450 francs ».

Claude est commissaire-priseur. Son vieil ami Paul-Edouard (Claude Brasseur) veut vendre sa collection d'objets érotiques, ce qui fait un raccord de deux décennies avec Sex-shop. Paul-Edouard devait en être un client. Claude Brasseur est ce même genre de pote qui conseille un peu trop son ami, avec pas mal d'insistance, sans se soucier des conséquences. C'était jadis Hubert Derschamps dans Le Mâle du siècle, c'était Jean-Pierre Marielle dans Sex-shop. Eux, ils s'en foutent, ils n'ont pas de problème d'érection.

Je parlais plus haut de Claude Berri avec un air de petit oiseau, c'est vraiment cette impression quand il roucoule autour de sa nouvelle employée, Agnès (Brigitte Bemol), petite blonde qui se laisse draguer par ce petit vieux barbu. Plus que dans Stan the flasher, la manière de se déplacer de Claude Berri, dans un léger dandinement incertain, est en soi une danse de séduction. Il a une façon de porter son visage dans les obliques, c'est un corps totalement différent de tous les autres acteurs du film. Et puis ce sourire labial.


Le film, puisqu'il tend vers la comédie, va de déconvenue en déconvenue. Il use de quiproquos usés jusqu'à la corde jusqu'à une scène finale où, après tant d'échecs à bander quand il le faut (c'est que la viagra mettait une heure à agir), il se décide enfin à aller voir une prostituée. Véronique Vella est prodigieuse dans ce court rôle qui clôt le film et Claude Berri surprend avec son masochisme qui touche à la plus grande impudeur. Finalement, le film l'emporte haut la main, j'ai toujours eu une petite tendresse depuis pour Claude Berri.


















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