Peu
de gens le savent parce que beaucoup l'ignorent, mais j'ai vu tous
les films de Vin Diesel, peut-être devrais-je dire les films avec
Vin Diesel. Cette longue romance cinématographique a commencé le 10
octobre 2002 quand je suis allé voir xXx de Rob Cohen sur les
conseils d'un de mes amis cinéphiles (qui après cette
recommandation a longtemps travaillé à la Cinémathèque
Française). Depuis ce jour, je me suis fait un devoir d'aller voir
tous ses films suivants (et souvent au cinéma) et de découvrir tous
ses films précédents.
Vin
Diesel, c'est qui, c'est quoi ? Un corps massif, un crâne rasé
et une voix caverneuse. Sa marque de fabrique, son imagerie, son look
de costaud, il ne s'en débarrassera que très rarement. Il sera la
voix du Géant de fer (si l'on regarde le film de Brad Bird en
VO), celle de l'arbre humanoïde des Gardiens de la galaxie
(« I Am Groot » est son unique réplique), il portera une
perruque effroyable dans Jugez-moi coupable, avant-dernier
film de Sidney Lumet mais convaincante composition dramatique où il
ne cesse de parler (comme quoi, bien dirigé il peut être un acteur
potable).
Ce
pleurnichard de Mathieu Kassovitz avait bien tenté de lui faire
garder à la fois ses cheveux et sa pilosité poitrinaire dans
l'horrible Babylon A.D. mais sans parvenir à extraire de Vin
Diesel la moindre parcelle d'émotion. Plus intéressant que cette
sombre merde, il vaut mieux regarder le making of enragé Fucking
Kassovitz réalisé par François-Régis Jeanne, 58 minutes de
pure haine entre l'acteur qui se prenait pour un Dieu et le cinéaste
qui n'était pas en reste. Le film est visible sur youtube, c'est
passionnant sur l'envers d'un tournage catastrophique.
Peu
de gens le savent, mais avant d'être Xander Cage dans xXx,
Dominic dans les Fast & furious (que j'ai tous vus), et
Riddick dans l'excellent Pitch black et
ses suites, Vin Diesel a réalisé un long-métrage. Strays
date de 1997 et ne ressemble à rien de ce qu'il a pu faire après.
En gros, un film de tchatche (on disait comme ça à l'époque) avec
des jeunes en débardeur qui discutent sans fin dans des appartements
newyorkais. Le film rappelle les premiers De Niro quand il jouait
dans les premiers De Palma ou Scorsese. Strays fait aussi un
peu penser aux Hal Hartley de l'époque ou à Laws of gravity
de Nick Gomes (1993).
Au-delà
ses trois rôles clés (Xander, Dominic et Riddick), il meurt au bout
de 52 minutes de Il faut sauver le soldat Ryan, il tourne
quelques films insipides vaguement policier, il tente de devenir une
star de la comédie dans Baby-sittor, monstruosité comique.
En 2005 commence la rivalité avec The Rock qui possède
contrairement à Vin Diesel un réel talent comique et les atouts
pour tenir seul un film d'action. Pour éteindre cette concurrence,
les deux acteurs s'uniront, entre temps Dwayne Johnson a récupéré
son nom, devenu la coqueluche des médias pour son amabilité tandis
que Vin Diesel était toisé pour son sale caractère.
En
2002, trois films d'espionnage se partagent le box-office. La
Mémoire dans la peau de Doug Liman sort au printemps, xXx
en plein été et Meurs un autre jour en novembre. Dans ce
dernier film, on trouve une scène de poursuite sur la glace d'une
absolue ringardise à mille lieux de la spectaculaire descente des
Alpes par Vin Diesel. Lui, sur son snowboard, est poursuivi par une
avalanche. La réussite de cette séquence d'avalanche est due à un
élément très simple : l'absence de musique, seul reste le son
des monceaux de neige qui dévalent. Résultat, l'immersion du
spectateur est totale.
Jason
Bourne est asexué, James Bond un dragueur à la papa, Xander Cage
est un métrosexuel. Son corps est bardé de tatouages (ici un soleil
autour du nombril, là ses initiales). Il se promène en débardeur
moulant, à moitié nu ou couvert avec un manteau de fourrure, dans
le château de son hôte tchèque et va séduire la punkette Asia
Argento dans une chambre où trône un lit à baldaquin. Kitsch à
souhait. Aujourd'hui, Vin Diesel rempile avec une nouvelle aventure, il
aura mis près de 15 ans pour retrouver son personnage. Bien
évidemment, j'irai voir ça.
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