Toute
l’action de Shanghai
express se déroule
dans un train qui va de Pékin à Shanghai, ville qui était en 1932
aux mains des occidentaux qui se la partageaient en concessions.
C’était une colonie avec de nombreuses nationalités. Le film
imprime ce fait en montrant des personnages de Français, Allemand,
Britannique et Américains. Shanghai Lily (Marlene Dietrich),
habillée de son manteau en plumes noires embarque dans ce train.
Elle
partage sa cabine avec Hui Fei (Anna May Wong), une Chinoise, vêtue
d’une robe traditionnelle. Toutes deux sont des femmes modernes et
chics qui écoutent fort leur gramophone, ce qui fait dire à la
vieille dame voisine de cabine qu’elles doivent forcément être
des femmes de mauvaise réputation. Lily découvre que son ancien
amant, « Doc » Harvey (Clive Brook), qu’elle n’a pas
revu depuis cinq ans, après lui avoir brisé le cœur, est dans le
train.
Dans
son film, Josef Von Sternberg s’amuse d’abord à montrer, sur le
ton de la comédie, des personnages que tout oppose – si ce n’est
leur fortune qui leur permet de voyager dans le wagon de 1ère
classe – et qui vont ne jamais cesser de se chamailler, y compris
dans le moment dramatique du film. L’Allemand râle contre tout et
a peur de tomber malade. La vieille dame ne pense qu’à son petit
chien qu’elle a du laisser dans la soute à bagages.
Le
pasteur estime que Lily et Hui Fei n’ont pas leur place à côté
de gentlemen. Ce sont des personnages secondaires pour amuser la
galerie, hauts en couleurs qui permettent de mettre en valeur Lily, à
la petite vertu mais qui, contrairement à eux, n’est pas
hypocrite. Le seul lien de tous ces personnages est leur mépris pour
les Chinois, tout justes bons à les servir. Les figurants chinois
sont du petit personnel du train. En gros, ce sont des colons
xénophobes et Josef Von Sternberg raille leur mesquinerie.
Le
voyage continuant, la réalité vient troubler ce voyage. Le train
est arrêté par les révolutionnaires qui cherchent un otage pour
faire libérer l’un d’eux emprisonné. En 1932, la guerre civile
faisait rage en Chine. Le chef des insurgés est Henry Chang (Warner
Oland), un homme qui pendant le début du trajet passait pour un
aimable homme d’affaires. Métisse, il a subi lui aussi le mépris
des autres voyageurs et ce retournement de situation remet les
pendules à zéro.
Avec
force figurants, le film, d'une grande beauté pour sa quatrième
œuvre avec Marlene Dietrich, montre de nombreux soldats qui
traversent les plans. C’est une Chine grouillante et vivante qui
est montrée (on avait déjà repéré cet aspect dans la scène du
démarrage du train où la rue très occupée se vidait au passage de
la locomotive). L’irruption de la guerre civile dans le film permet
à Lily et à Harvey de régler leur contentieux avec l’aide de Hui
Fei qui vient défendre son amie dans l’adversité.
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