Au
nombre des films qui ont été des bides retentissants dans les
années 80, il n'y a pas seulement Howard
the Duck de Willard Huyck,
Coup de cœur de
Coppola ou Les Aventures du
Baron de Munchhausen de Terry
Gilliam, il y a aussi Ishtar.
En haut de l'affiche, Dustin Hoffman, oscarisé pour Kramer
contre Kramer en 1979, Golden
Globe du meilleur acteur pour Tootsie,
pas de film pendant 5 ans jusqu'à Ishtar.
A ses côtés, Warren Beatty enfin reconnu pour son sérieux grâce à
Reds
en 1981, Oscar du meilleur réalisateur, pas de film pendant 6 ans
jusqu'à Ishtar.
Et entre ces deux vieux briscards de Hollywood, Isabelle Adjani dans
un second rôle.
Et
que fait jouer la cinéaste Elaine May à ces deux icônes de
Hollywood ? Des chanteurs minables et sans le sou. Ils
s'appellent Chuck Clarke (Dustin Hoffman) et Lyle Rogers (Warren
Beatty) et sont persuadés d'être de fameux compositeurs de chansons
populaires. On les découvre, Chuck au piano tenter une mélodie,
Lyle debout derrière lui improviser quelques paroles. Tout les
inspire, des choses les plus triviales autour d'eux à l'amour le
plus romantique. Et question amours, les deux amis ne sont pas
vernis. Leurs épouses les larguent, lasses de les entendre écrire
leurs médiocres morceaux et se prendre pour des génies.
Comme
pour un nanar, les chansons (composées par Elaine May et Paul
Williams, auteur de la partition de Phantom
of the Paradise) sont des
merveilles navrantes mais rigolotes. Elles sont l'attrait majeur
d'Ishtar,
les moments les plus comiques tellement les deux acteurs se donnent à
fond dans ces interprétations. Lyle est raide comme un piquet, Chuck
entame un pas de danse, ils sont affublés d'un bandeau sur le front.
A la fois Simon & Garfunkel sans la conscience politique et Bruce
Springsteen sans le rock. Ils croient faire un tabac mais ils ne
voient les visages navrés du public. Ils veulent enregistrer un
album.
Pour
cela, ils décident de faire appel à un impresario encore plus
tocard qu'eux. Marty Freed (Jack Weston) est un bon gros qui clame à
ses deux futurs clients qu'il va en faire des stars. Jusqu'à ce
qu'il les entende chanter et jouer. Il leur propose d'aller jouer au
Honduras pour remplacer le groupe qui vient de se faire trucider par
des rebelles pour 75$ la semaine, une fortune là-bas. Ou alors
d'aller jouer au Maroc pour 95$. Chuck a le sens des affaires, il
choisit d'aller au Maroc, et les voilà tous les deux embarqués dans
une aventure dont ils ne maîtriseront jamais les tenants et les
aboutissants, tout en parvenant à chaque coup du sort à s'en
sortir.
Ishtar
est le nom d'un pays imaginaire où les deux ringards atterrissent.
Au milieu d'une cohue indescriptible due à l'état d'urgence
instauré par l'émir local pour faire peur à ses opposants –
qu'il traite évidemment de terroristes – Chuck tombe sur une
résistante à l'émir, Shirra Assel (Isabelle Adjani) que Chuck
prend pour un homme qui le drague (il est bigleux ou quoi?). Shirra
est à la recherche d'une carte ancestrale que son frère,
archéologue, a trouvé dans des fouilles (un soupçon d'aventures à
la Diamant du Nil
mêlé d'Indiana Jones).
Cette carte sera le MacGuffin de Ishtar,
pur prétexte à lancer les deux chanteurs dans un récit
d'espionnage.
Comme
dans une parodie, la ville grouille d'espions habilement déguisés
en djellaba et lunettes de soleil. Un agent de la CIA pas très
finaud (Charles Grodin) conseille Chuck sur les dangers des
communistes tandis que l'émir veut s'allier à Kadhafi. Lyle veut
acheter un chameau aveugle. Puis ils partent au milieu du désert
déguisés en bédouins. La géopolitique se transforme en course
poursuite de splastick et le film se termine sur un improbable
concert de Lyle et Chuck devant des soldats médusés, sans aucun
doute à l'image des spectateurs de l'époque. 30 ans plus tard,
alors que je découvre ce film, j'ai trouvé ce burlesque hilarant.
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