dimanche 1 janvier 2017

Chantons sous la pluie (Gene Kelly & Stanley Donen, 1951)

J'avais commencé l'année 2016 avec Les Hommes préfèrent les blondes, je commence 2017 en regardant Chantons sous la pluie, avec une pensée pour Debbie Reynolds, décédée mercredi 28 décembre 2016 quelques jours après sa fille Carrie Fisher. Ce rôle de Kathy Selden marque le début de la carrière de l'actrice et son sommet. Tous ses films suivants sont tombés dans les oubliettes de l'histoire du cinéma, mais dans Chantons sous la pluie, quel personnage sublimement positif. Avant qu'elle ne rentre dans le film, comme par magie au volant de sa petite voiture, Gene Kelly et Stanley Donen parlent du cinéma muet et de l'année 1927.

« Dignity, always dignity », de la dignité avant tout, clame Don Lockwood (Gene Kelly) à la présentatrice de la soirée où le célèbre acteur, bourreau des cœurs et favori des spectatrices, qui arrive pour la première de son nouveau film. D'un côté la voix de Don qui évoque ses débuts au cinéma, il enjolive son passé de saltimbanque, il parle de ses premiers rôles, de sa carrière de cascadeur et de sa rencontre avec sa partenaire féminine Lina Lamont (Jean Hagen). De l'autre côté, les images de ses débuts qui contredisent avec une subtile et hilarante ironie ce récit. Don était un ringard mais c'est la légende du brillant acteur que les admiratrices et la journaliste doivent retenir, pas la vérité.

Et dans cette vérité se cache la voix stridente et ridicule de Lina Lamont, l'un des meilleurs ressorts comiques de Chantons sous la pluie. Pendant les 12 premières minutes du film, elle ne dit pas un mot, se contente de sourire. Don et son acolyte Cosmo Brown (Donald O'Connor), amis de spectacle depuis l'enfance, font tout pour l'empêcher de parler, pour que le public n'entende pas sa voix de crécelle. Merveilleuse de vulgarité, Lina Lamont croit elle à la légende. Parce que les magazines affirment qu'elle est en couple avec Don, elle croit à ces rumeurs publicitaires entre les stars. Malgré Don et Cosmo qui ne cessent de la contredire.

Le film de Don et Lina, au titre similaire au précédent et au suivant, est un succès et le patron des studios Monumental fête la sortie. Du gâteau de la fête sort Kathy qui venait de rencontrer par hasard Don et qui faisait sembler de ne pas le reconnaître. Pis, elle le rembarre comme un mal-propre, affirmant être une vraie artiste et non un pantomime comme lui. Las, elle n'est pour l'instant qu'une simple danseuse de cabaret mais Don est immédiatement tombé amoureux d'elle. La dispute et les chamailleries de leur première rencontre vont rapidement disparaître et elle tombera, elle aussi, amoureuse de lui.

1927 est l'année de l'arrivée du parlant et les studios s'y mettent tous, même si les oiseaux de mauvais augure clament que le parlant est une mode sans lendemain. La pauvre Lina, malgré les efforts de sa professeure de diction a bien du mal à articuler. Le film évoque par ce biais le sort de nombreuses actrices et acteurs du muet qui ne sauront jamais passer le cap du parlant. Le film démontre les débuts hésitants du parlant avec la séquence hilarante du micro caché dans les fleurs. Lina a bien du mal à se rappeler où il se trouve, sa voix se trouve vite mise à rude épreuve dans un décalage entre l'image et le son.

J'aime toutes les chansons de Chantons sous la pluie, écrites par les géniaux Arthur Freed et Nacio Herb Brown (pour les anciens morceaux repris pour l'occasion) et celles de Betty Comden et Adolph Green pour les nouvelles chansons. Singin' in the Rain est évidemment la plus célèbre (tiens tiens, il pleut donc à Hollywood) qui suit immédiatement Good Morning, l'une des chansons les plus joyeuses de toutes les comédies musicales. Les chorégraphies chaloupées de Gene Kelly qui danse de manière aérienne dans la rue et l'utilisation des accessoires et meubles dans Good Morning sont des modèles inégalables et inégalés.

Parmi les morceaux très joyeux, j'aime tout particulièrement Fit as a Fiddle sur les débuts dans le muet, Make 'em Laugh où Donald O'Connor se montre si agile de son corps, Moses Supposes à l'humour décapant, et le morceau de bravoure, les 13 minutes de Broadway Melody avec Cyd Charisse en robe verte puis blanche, totalement hors du récit principal du film mais d'une précision rythmique incroyable. Impossible de résister à l'attrait du sourire de Gene Kelly. Un morceau enchaîné qui inspirera Martin Scorsese dans New York New York pour Happy Endings. What a glorious feeling. Quoi de mieux pour commencer l'année que Chantons sous la pluie ?













































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