J'avais
commencé l'année 2016 avec Les Hommes préfèrent les blondes,
je commence 2017 en regardant Chantons sous la pluie, avec une
pensée pour Debbie Reynolds, décédée mercredi 28 décembre 2016
quelques jours après sa fille Carrie Fisher. Ce rôle de Kathy
Selden marque le début de la carrière de l'actrice et son sommet.
Tous ses films suivants sont tombés dans les oubliettes de
l'histoire du cinéma, mais dans Chantons sous la pluie, quel
personnage sublimement positif. Avant qu'elle ne rentre dans le film,
comme par magie au volant de sa petite voiture, Gene Kelly et Stanley
Donen parlent du cinéma muet et de l'année 1927.
« Dignity,
always dignity », de la dignité avant tout, clame Don Lockwood
(Gene Kelly) à la présentatrice de la soirée où le célèbre
acteur, bourreau des cœurs et favori des spectatrices, qui arrive
pour la première de son nouveau film. D'un côté la voix de Don qui
évoque ses débuts au cinéma, il enjolive son passé de
saltimbanque, il parle de ses premiers rôles, de sa carrière de
cascadeur et de sa rencontre avec sa partenaire féminine Lina Lamont
(Jean Hagen). De l'autre côté, les images de ses débuts qui
contredisent avec une subtile et hilarante ironie ce récit. Don
était un ringard mais c'est la légende du brillant acteur que les
admiratrices et la journaliste doivent retenir, pas la vérité.
Et
dans cette vérité se cache la voix stridente et ridicule de Lina
Lamont, l'un des meilleurs ressorts comiques de Chantons sous la
pluie. Pendant les 12 premières minutes du film, elle ne dit pas
un mot, se contente de sourire. Don et son acolyte Cosmo Brown
(Donald O'Connor), amis de spectacle depuis l'enfance, font tout pour
l'empêcher de parler, pour que le public n'entende pas sa voix de
crécelle. Merveilleuse de vulgarité, Lina Lamont croit elle à la
légende. Parce que les magazines affirment qu'elle est en couple
avec Don, elle croit à ces rumeurs publicitaires entre les stars.
Malgré Don et Cosmo qui ne cessent de la contredire.
Le
film de Don et Lina, au titre similaire au précédent et au suivant,
est un succès et le patron des studios Monumental fête la sortie.
Du gâteau de la fête sort Kathy qui venait de rencontrer par hasard
Don et qui faisait sembler de ne pas le reconnaître. Pis, elle le
rembarre comme un mal-propre, affirmant être une vraie artiste et
non un pantomime comme lui. Las, elle n'est pour l'instant qu'une
simple danseuse de cabaret mais Don est immédiatement tombé
amoureux d'elle. La dispute et les chamailleries de leur première
rencontre vont rapidement disparaître et elle tombera, elle aussi,
amoureuse de lui.
1927
est l'année de l'arrivée du parlant et les studios s'y mettent
tous, même si les oiseaux de mauvais augure clament que le parlant
est une mode sans lendemain. La pauvre Lina, malgré les efforts de
sa professeure de diction a bien du mal à articuler. Le film évoque
par ce biais le sort de nombreuses actrices et acteurs du muet qui ne
sauront jamais passer le cap du parlant. Le film démontre les débuts
hésitants du parlant avec la séquence hilarante du micro caché
dans les fleurs. Lina a bien du mal à se rappeler où il se trouve,
sa voix se trouve vite mise à rude épreuve dans un décalage entre
l'image et le son.
J'aime
toutes les chansons de Chantons sous la pluie, écrites par
les géniaux Arthur Freed et Nacio Herb Brown (pour les anciens
morceaux repris pour l'occasion) et celles de Betty Comden et Adolph
Green pour les nouvelles chansons. Singin' in the Rain est évidemment
la plus célèbre (tiens tiens, il pleut donc à Hollywood) qui suit
immédiatement Good Morning, l'une des chansons les plus joyeuses de
toutes les comédies musicales. Les chorégraphies chaloupées de
Gene Kelly qui danse de manière aérienne dans la rue et
l'utilisation des accessoires et meubles dans Good Morning sont des
modèles inégalables et inégalés.
Parmi
les morceaux très joyeux, j'aime tout particulièrement Fit as a
Fiddle sur les débuts dans le muet, Make 'em Laugh où Donald
O'Connor se montre si agile de son corps, Moses Supposes à l'humour
décapant, et le morceau de bravoure, les 13 minutes de Broadway
Melody avec Cyd Charisse en robe verte puis blanche, totalement hors
du récit principal du film mais d'une précision rythmique
incroyable. Impossible de résister à l'attrait du sourire de Gene
Kelly. Un morceau enchaîné qui inspirera Martin Scorsese dans New
York New York pour Happy Endings. What a glorious feeling.
Quoi de mieux pour commencer l'année que Chantons sous la pluie ?
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