dimanche 15 janvier 2017

Jupiter ascending (The Wachowskis, 2014)

Pour raconter le début de Jupiter ascending, il serait possible de dire que c'est l'histoire d'une fille qui a fui la Russie de sa mère pour vivre dans les USA de son père et qu'adulte elle nettoie les chiottes des gens friqués jusqu'à ce qu'elle rencontre un type qui débarque en volant et qui lui dit qu'elle est la réincarnation d'une reine issue d'une galaxie très lointaine et qu'elle doit récupérer son trône pour sauver la planète Terre qui est menacée de destruction par de puissants ennemis, par ailleurs membres de sa famille extraterrestre.

Je pourrais raconter tout le film des Wachowski à la manière de l'Odieux Connard, avec sarcasme et ironie mordantes, comme par exemple me moquer de ces abeilles qui encerclent Jupiter (Mila Kunis) parce qu'elles la reconnaissent comme une reine. Ça me rappelle Paul Préboist dans La Belle histoire quand il faisait pleurer Marie-Sophie L. d'émotion avec ses histoires d'abeilles. Les Wachowski et Lelouch, c'est du pareil au même, d'ailleurs j'appelais leur précédent film Cloud Lelouch Atlas.

Les deux films traînent le même discours amphigourique sur le destin à travers les mondes, le temps et les sexes (les genres), mais entre Cloud Atlas et Jupiter ascending, les Wachowski ont appris à filmer les corps de leurs acteurs, et je parle bien des hommes, tels ceux qui jouent dans la série Sense 8. Ils ont appris à aimer filmer les peaux et scruter la sensualité. Aucune raison scénaristique n'est donnée pour que Caine, joué par Channing Tatum, reste pendant 20 minutes torse nu. Sa combinaison était déchirée après une bagarre.

Il l'enlève, là Stinger (Michael Biehn) reconnaît la reine qu'est Jupiter, mais Caine ne pense pas à chercher un t-shirt. C'est alors qu'arrivent les mêmes adversaires et quelques aliens peu ragoûtants, et Caine se bat contre eux, filant en volant grâce à ses souliers magiques et s'accroche comme il peut, toujours à moitié nu, sur la navette qui vient de capturer Jupiter. Dans Crazy stupid love, Emma Stone ordonnait à Ryan Gosling de ne pas se rhabiller, lui aussi restait sans raison torse nu pendant 10 minutes, pur et délicieux caprice de voyeurisme des cinéastes.

C'est finalement assez habile et pour tout dire plutôt admirable de se dire que certains cinéastes puissent encore avoir l'idée de mettre le récit sur pause, de prendre le temps de se faire plaisir (et j'imagine faire plaisir à de nombreux spectateurs). La semi-nudité de Channing Tatum dans un film de science fiction intergalactique, c'est le meilleur antidote contre les armures et costumes des héros X-Men ou Marvel, à l'exception notable de Deadpool (la bagarre de Ryan Reynolds nu) et des Gardiens de la galaxie, deux très bons films par ailleurs.

Mais les Wachowkski poussent les ambiguïtés sexuelles plus loin avec le personnage de Eddie Redmaine. Il incarne Balem, l'un des héritiers Abrasax, famille qui domine l'univers et qui compte moissonner la Terre (j'adore cette idée scénaristique). Balem, avec ses moues boudeuses, sa voix nonchalante éraillée, ses poses Vogue (la danse du clip de Madonna, pas le magazine), c'est bien simple, Balem est un drag queen qui vient de sortir d'une folle nuit. Et quelle folle tenue il porte ! Une veste qu'il porte à même la peau, ornée de paillettes, et un collier tout en dorure. Tout cela n'est-il pas une bonne raison de regarder et redécouvrir Jupiter ascending ?























Aucun commentaire: