vendredi 7 février 2020

Opération Condor (Jackie Chan, 1991)

Il terminait Mister Dynamite en sautant sur une montgolfière, il commence sa suite Opération Condor sur un ULM au dessus d'une île pour, encore une fois, aller récupérer des pierres précieuses dans la grotte d'une civilisation primitive (la preuve, ils portent des masques faits de bouts d'écorce). Les « sauvages » ne sont pas bien méchants. Ils laissent bien volontiers les pierres à Jackie Chan. Mais comme je le disais, c'est une civilisation primitive : la preuve, l'eau est pour eux plus sacrée que les joyaux.

Il a bu leur eau, il va être poursuivi par eux, comme dans un Indiana Jones. Cette fois, c'est la référence majeure et Jackie Chan parvient à se hisser au niveau du modèle. Comme l'archéologue au fouet, il va traverser la planète pour combattre des nostalgiques du nazisme. En l'occurrence, il va aller en Espagne puis dans le Sahara à la recherche d'un trésor nazi. Des tonnes de lingots d'or sont cachées. À lui de les retrouver avec l'aide, non pas d'Alan Tam – tant mieux – mais de trois demoiselles.

Il s'agit pour Jackie Chan d'élargir son public. Il choisit donc une actrice japonaise (Shoko Ikeda), une actrice chinoise (Carol Cheng) et une actrice allemande (Eva Cobo de Garcia, look de Madonna période La Isla bonita). Elles seront les compagnes d'aventure de Jackie Chan. Ce sont des vraies pots de colle, des godiches qui vont causer des catastrophes en série (Eva, mitraillette à la main, va détruire tout un hôtel parce qu'elle ne sait pas s'en servir), elles se détestent mais elles vont finir par s'apprécier.

Quelques détails sexy vont pimenter les rapports entre les trois femmes et notre homme forcément célibataire. Par exemple, pour déconcentrer ces adversaires, il enlève la serviette autour de la taille de Carol puis d'Eva quand elles sortent de la douche (elles n'étaient pas ensemble). C'est un peu lourdingue mais ça reste bon enfant. Elles l'aiment bien ce super héros qui vient chaque fois réparer les dégâts qu'elles viennent de causer, il vient remettre la situation dans l'ordre, tout en sachant pertinemment qu'elles vont continuer à apporter troubles et catastrophes.

Combiner l’action et l’humour consiste dans Opération Condor à élaborer un subtil liant entre les deux genres. Pour ne pas tomber dans le systématisme et la monotonie, il faut avoir plus que du savoir faire, c’est désormais une question de génie. Jackie Chan est bien sûr toujours un héros bondissant. Seulement voilà, pour bondir, il faut avoir les jambes libres et les pieds sur terre, ce qui arrive rarement avec les filles. Elles se collent à lui, le serrent (l'hilarante scène des gourdes d’eau), l’empêchent tout simplement de tenir debout.

Et c’est en cela que Opération Condor réussit là où Mister Dynamite avait en partie échoué. En supprimant le personnage buddy, il élimine la rivalité amoureuse de pacotille que Jackie Chan et Alan Tam avaient pour Rosamund Kwan pour aller vers un burlesque enfantin et primitif. En intégrant trois femmes, il pousse vers de nombreuses possibilités comiques et des variations infinies. L'unité du groupe vient avec l'arrivée d'ennemis successifs qui semblent tous piqués aux Indiana Jones (les vilains arabes, les affreux nazis, d'autres encore).

Les meilleurs moments viennent dans les quiproquos, les portes qui claquent, dans cette longue séquence dans hôtel qu'Eva va détruire, l’humour vient de tous les côtés : de la crainte des filles, de la bêtise des méchants, de la gentillesse de Jackie, des mouvements d’action. Les gags s’enchaînent afin d’atteindre un sommet d’humour pour finir avec l’explosion finale. L’inventivité de cette séquence est telle qu’elle mériterait de figurer dans une anthologie du cinéma de Hong Kong.


Dans Mister Dynamite, les amazones lui foutaient juste un coup de pied dans les boules. Ici, c’est plus subtil, comme le montre le morceau de bravoure d’action dans la soufflerie où les filles sont incapables d’arrêter la machine infernale qui risque de hacher menu Jackie. Il vole et devient « Superman » comme il le dit lui-même. Jackie Chan a toujours eu des soucis avec les femmes et dans Opération Condor – qui a longtemps été son dernier film, il finit, après tant de blessures, à enfin reprendre le dessus.



























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