La
jaquette du DVD édité par Capricci le dit clairement « un
joyau de science-fiction qui a inspiré Stanley Kubrick ». Pour
une fois, l'accroche publicitaire ne ment pas. Quel étonnement
continue de voir ce film tchécoslovaque sorti en avril 2017 mais que
je découvre trois ans plus tard. Ikarie XB1 n'est pas cité
par Michel Chion dans sa monographie sur Kubrick ni par Piers Bizony
dans « 2001 Le futur selon Kubrick » mais il y a tant se
similitudes que regarder Ikarie XB1 est fascinant.
Des
similitudes, on en trouve énormément dans ce voyage d'une navette
spatiale, ici c'est en 2163, 200 ans après la date de tournage du
film. L'équipage est international, comme dans la deuxième partie
de 2001 l'odyssée de l'espace. Le cinéaste tchèque table
sur l'entente cordiale entre les différentes nations qui ont conquis
l'espace, Russe, Français, Tchécoslovaque, Américain, on trouve de
tout, hommes et femmes qui portent tous le pantalon et la blouse.
Deux
séquences frappent par leur ton. La première est celle où
l'équipage fait du sport (comme le faisait Gary Lockwood en courant
dans la roue de Hal). Ici tout le monde est en short et en tenue de
corps pour faire du sport. Les habitants de la navette (une bonne
douzaine) s'entraînent aux barres fixes, à la boxe mais les
discussions continuent sur leur objectif : atteindre la planète
Alpha du Centaure avec tous les problèmes qui émaillent le trajet
interminable.
Pas
de tenue de travail et encore moins de maillot de sport dans la
deuxième séquence étonnante, celle d'un bal où les tenues de
soirée sont de rigueur. La musique omniprésente dans le film
cherche une modernité en jouant sur la musique à la mode en 1963.
mais ce sont les pas de danse qui imposent une originalité à la
scène et offre une beauté brute. Le bal sera au bout de quelques
danses par l'un de ces dangers qui encombrent l'espace intersidéral.
La
beauté du film est essentiellement verticale mais coupée de
cercles, le décor de la navette spatiale est mise en avant d'autant
plus que tout le film se passe dans cet intérieur où les murs sont
parfois composés de cylindre d'eau qui font des bulles. Les néons,
les lumières, les espaces obscurs abondent dans un constant système
de contraste qui évoquent un danger inconnu dans un environnement
futuriste mais harmonieux.
Pas
de monolithe noir qui vient modifier le cours de l'Histoire dans
Ikarie XB1 mais une « planète noire » qui
perturbe le bon déroulement du voyage. Deux des astronautes sont
victimes de radiations. C'est d'ailleurs par le visage d'un d'eux que
le film commence, un regard caméra angoissé qui place immédiatement
le spectateur dans un bain rempli de suspense : que se
passe-t-il dans ce vaisseau ? Et surtout, vont-ils s'en sortir ?
Et
les robots ne sont pas en reste. Le vaisseau spatial a une cerveau
aussi intelligent que celui de Hal 9000 mais moins retors. Il est là
au service de l'équipage. L'autre robot est plus classique, typique
des films hollywoodiens, il est là en mode comique tant il apparaît
ringard et dépassé, une technologie antique mais qui va, bien
évidemment, s'avérer utile quand la super technologie ne peut plus
sauver les hommes.
Reste
un conflit à évoquer, celui d'une femme arrivée enceinte dans le
vaisseau. Quelques disputes se créent entre elle, le père et un
membre de l'équipe qui est parti sans sa femme. Mais derrière ce
petit conflit, on voit en fin de film la naissance du bébé de ce
couple. Le bébé filmé en gros plan n'en finit pas de rappeler
celui de 2001 qui s'élève dans l'espace. Sans doute Ikarie
XB1 est l'explication la plus plausible de ce bébé de Stanley
Kubrick, en forme d'hommage volontaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire