mardi 2 avril 2019

Why? (Nadav Lapid, 2015)

Et voici un troisième Yoav, joué successivement par Tomer Sharon puis Daniel Morehset. Le premier est un cinéaste – attention, autoportrait – à qui le rédacteur en chef des Cahiers du cinéma demande pour le numéro 700 de la revue de donner un titre de film. Un film forcément marquant, un film qu'on imagine fondateur, un film qui irrigue tout le cinéma qu'il a fait et qu'il va faire par la suite. Yoav le cinéaste se résigne.

Le Yoav militaire et comme celui de Synonymes, a aimé l'armée. On se demande bien pourquoi. L'explication vient sans doute de cet amour que porte notre soldat au cinéma et à un film en particulier qu'il peut montrer à ses camarades de régiment. Théorème de Pier Paolo Pasolini, résumé ici en deux ou trois minutes pour un film qui en fait tout juste cinq (il faisait partie d'un film collectif de « lettres d'amour au cinéma »).

Nadav Lapid ne propose pas de résumé orale mais montre des images du film, Silvana Mangano, Terence Stamp, Anne Wiazemsk et surtout Massimo Girotti, ce père dans les scènes finales qui se promène nu dans le désert en hurlant. Yoav est happé par les images qui se reflètent sur l'écran de cinéma, il vit le film, il est aspiré et ce cri terminal du père devient le cri primal de Yoav qui va devenir cinéaste.


Dans un mouvement de chaos, les autres soldats ne laissent Yoav regarder tranquillement son film. L'un d'eux a un transistor, il l'allume et de la musique boum boum techno se fait entendre dans le cinéma. Tous les soldats se mettent à danser, un peu gauche, un peu brutalement, comme le fera Yoav de Synonymes dans la boîte de nuit. Et cette image marquante, Yoav cinéaste la ravit enfin, intacte devant sa télé.












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