Et
voici un troisième Yoav, joué successivement par Tomer Sharon puis
Daniel Morehset. Le premier est un cinéaste – attention,
autoportrait – à qui le rédacteur en chef des Cahiers du cinéma
demande pour le numéro 700 de la revue de donner un titre de film.
Un film forcément marquant, un film qu'on imagine fondateur, un film
qui irrigue tout le cinéma qu'il a fait et qu'il va faire par la
suite. Yoav le cinéaste se résigne.
Le
Yoav militaire et comme celui de Synonymes, a aimé l'armée. On se
demande bien pourquoi. L'explication vient sans doute de cet amour
que porte notre soldat au cinéma et à un film en particulier qu'il
peut montrer à ses camarades de régiment. Théorème de Pier
Paolo Pasolini, résumé ici en deux ou trois minutes pour un film
qui en fait tout juste cinq (il faisait partie d'un film collectif de
« lettres d'amour au cinéma »).
Nadav
Lapid ne propose pas de résumé orale mais montre des images du
film, Silvana Mangano, Terence Stamp, Anne Wiazemsk et surtout
Massimo Girotti, ce père dans les scènes finales qui se promène nu
dans le désert en hurlant. Yoav est happé par les images qui se
reflètent sur l'écran de cinéma, il vit le film, il est aspiré et
ce cri terminal du père devient le cri primal de Yoav qui va devenir
cinéaste.
Dans
un mouvement de chaos, les autres soldats ne laissent Yoav regarder
tranquillement son film. L'un d'eux a un transistor, il l'allume et
de la musique boum boum techno se fait entendre dans le cinéma. Tous
les soldats se mettent à danser, un peu gauche, un peu brutalement,
comme le fera Yoav de Synonymes dans la boîte de nuit. Et
cette image marquante, Yoav cinéaste la ravit enfin, intacte devant
sa télé.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire