L'intangible
règle veut qu'un succès amène une suite puis des films largement
inspirés de ce succès (je pense à Dar l'invincible de Don
Coscarello avec l'acteur de la série V Marc Singer). Les Laurentiis,
producteurs heureux de Conan le Barbare appliquent à la
lettre cette règle avec une suite Conan le Destructeur
(facile à trouver comme titre) puis Kalidor. Tous deux
tournés par Richard Fleischer comme un retour du cinéaste à ses
films d'aventure tournés dans les années 1950.
Le
premier écueil à éviter pour la suite est celui trouver un méchant
aussi cruel que Thulsa Doom, le génial personnage de James Earl
Jones, celui qui fait que Conan le Barbare, le film comme le
personnage, passe de simple héros de cape à d'épées (car cet
heroic fantasy n'est rien d'autre que cela transposé dans une époque
lointaine et non chevaleresque) à chef de guerre légendaire, il
devient un super héros à part entière cherchant à remplacer le
méchant absolu.
Dans
Conan le Destructeur, le méchant est difficile à discerner, il se
dérobe sans cesse, le scénario repousse ce moment où il apparaît
enfin (pour rappel Thulsa Doom créait la quête de Conan). Conan
n'est cette fois rien d'autre qu'un mercenaire qui doit escorter une
jeune femme (Olivia D'Abo, plus fade que jamais) d'un point A (une
cité ancienne inspirée de l'Egypte des pharaons) à un point B (un
château sur une île qui évoque autant Les Vikings que la légende
arthurienne).
Autant
le dire tout de suite, les méchants dans Conan le Destructeur ne
font pas le poids en comparaison de Thulsa Doom comme en face de
Conan. On a droit dans ce château à un pauvre type qui gesticule,
il porte un masque de reptile histoire de rappeler le premier ennemi
de Conan. Pour palier l'absence de grandiloquence de ce méchant, qui
est leur apanage, Richard Fleischer tente de mettre en scène
quelques combats. Ils sont d'une rare mollesse.
Le
deuxième écueil est le compagnonnage de Conan, il s'agit toujours
de l'entourer d'une troupe de durs à cuire comme c'était le cas
dans Conan le Barbare. La bonne idée de Conan le Destructeur est de
consacrer une bonne partie du film à la constitution de cette
escouade. Mako dans son personnage d'Akira le magicien rempile. Mais
l'équipe s'est considérablement agrandie pour escorter la jeune
femme, forcément, c'est une suite.
La
règle de la suite d'un gros succès veut aussi souvent que le
producteur cherche à augmenter le box-office. Cela passe par moins
de cruauté et par l'ajout d'éléments comiques. Le burlesque est
dévolu au trio mal agencé, Malak (Tracey Walter) le vantard veule,
Zula (Grace Jones) au regard inquiétant (elle est toujours génial,
heureusement qu'elle est là) et Bombaataa (Wilt Chamberlain), le
géant au grand cœur et au marteau puissant.
La
dernière règle est de fournir pour ne pas ennuyer le spectateur un
grand nombre de rebondissements de l'action. Dans Kalidor,
c'est à peu près la même chose, à la différence majeure que l'on
sent assez vite que le budget a été rogné pour à peu près tout
et en premier lieu les décors (plusieurs scènes sont tout
simplement filmées dans la forêt, donc un long combat entre Kalidor
et Red Sonja le personnage de Brigitte Nielsen).
Bien
qu'il soit en haut de l'affiche, Arnold Schwarzenegger soit Kalidor,
n'est pas le personnage principal. En VO, le film est titré Red
Sonja et c'est bien la quête de cette guerrière qui ne veut
aimer un homme que si il peut la battre à l'épée. Kalidor la suit
à la trace la sauvant de justesse de chaque piège dans lequel elle
tombe immanquablement, car les méchants dans Kalidor sont
méchants et retors.
Il
est question d'un talisman, une sorte de gros diamant vert qui
s'illumine et qui doit détruire tout sur terre. Les temps barbares
(on remarque dans les deux films des squelettes géants, là un
mammouth au bord de la route de Conan et ici un dinosaure qui sert de
pont à Sonja) sont aussi ceux du pire obscurantisme et des ténèbres.
C'est le combat de Sonja et de sa troupe où elle a du mal à
accepter Kalidor, elle doit battre une secte nihiliste.
Deux
personnages ne vont pas tarder à l'accompagner, un gamin qui se
présente comme le Prince Tarn (Ernie Reyes Jr, le fils du
chorégraphe des combats), un insupportable gamin qui est gardé par
son fidèle précepteur qu'il traite comme son larbin, Falkon (Paul
L. Smith) qui ne quittera jamais son air blasé. Tout deux composent
un duo comique qui joue sur les contrastes, petit grand, stupide
malin. A la fin le gamin deviendra adulte.
Le
coup du gamin laissait espérer attirer un public encore plus jeune.
Il fallait donc à Richard Fleischer tourner un récit encore plus
simpliste avec encore plus de rebondissements. Kalidor reprend
certains scènes entières de Conan le Destructeur (la lourde
porte qu'il faut ouvrir à la force des bras) avec bien moins de
moyens (les explosions, les éboulements).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire