lundi 22 avril 2019

Conan le Destructeur (Richard Fleischer, 1984) + Kalidor (Richard Fleischer, 1985)


L'intangible règle veut qu'un succès amène une suite puis des films largement inspirés de ce succès (je pense à Dar l'invincible de Don Coscarello avec l'acteur de la série V Marc Singer). Les Laurentiis, producteurs heureux de Conan le Barbare appliquent à la lettre cette règle avec une suite Conan le Destructeur (facile à trouver comme titre) puis Kalidor. Tous deux tournés par Richard Fleischer comme un retour du cinéaste à ses films d'aventure tournés dans les années 1950.

Le premier écueil à éviter pour la suite est celui trouver un méchant aussi cruel que Thulsa Doom, le génial personnage de James Earl Jones, celui qui fait que Conan le Barbare, le film comme le personnage, passe de simple héros de cape à d'épées (car cet heroic fantasy n'est rien d'autre que cela transposé dans une époque lointaine et non chevaleresque) à chef de guerre légendaire, il devient un super héros à part entière cherchant à remplacer le méchant absolu.

Dans Conan le Destructeur, le méchant est difficile à discerner, il se dérobe sans cesse, le scénario repousse ce moment où il apparaît enfin (pour rappel Thulsa Doom créait la quête de Conan). Conan n'est cette fois rien d'autre qu'un mercenaire qui doit escorter une jeune femme (Olivia D'Abo, plus fade que jamais) d'un point A (une cité ancienne inspirée de l'Egypte des pharaons) à un point B (un château sur une île qui évoque autant Les Vikings que la légende arthurienne).

Autant le dire tout de suite, les méchants dans Conan le Destructeur ne font pas le poids en comparaison de Thulsa Doom comme en face de Conan. On a droit dans ce château à un pauvre type qui gesticule, il porte un masque de reptile histoire de rappeler le premier ennemi de Conan. Pour palier l'absence de grandiloquence de ce méchant, qui est leur apanage, Richard Fleischer tente de mettre en scène quelques combats. Ils sont d'une rare mollesse.

Le deuxième écueil est le compagnonnage de Conan, il s'agit toujours de l'entourer d'une troupe de durs à cuire comme c'était le cas dans Conan le Barbare. La bonne idée de Conan le Destructeur est de consacrer une bonne partie du film à la constitution de cette escouade. Mako dans son personnage d'Akira le magicien rempile. Mais l'équipe s'est considérablement agrandie pour escorter la jeune femme, forcément, c'est une suite.

La règle de la suite d'un gros succès veut aussi souvent que le producteur cherche à augmenter le box-office. Cela passe par moins de cruauté et par l'ajout d'éléments comiques. Le burlesque est dévolu au trio mal agencé, Malak (Tracey Walter) le vantard veule, Zula (Grace Jones) au regard inquiétant (elle est toujours génial, heureusement qu'elle est là) et Bombaataa (Wilt Chamberlain), le géant au grand cœur et au marteau puissant.

La dernière règle est de fournir pour ne pas ennuyer le spectateur un grand nombre de rebondissements de l'action. Dans Kalidor, c'est à peu près la même chose, à la différence majeure que l'on sent assez vite que le budget a été rogné pour à peu près tout et en premier lieu les décors (plusieurs scènes sont tout simplement filmées dans la forêt, donc un long combat entre Kalidor et Red Sonja le personnage de Brigitte Nielsen).

Bien qu'il soit en haut de l'affiche, Arnold Schwarzenegger soit Kalidor, n'est pas le personnage principal. En VO, le film est titré Red Sonja et c'est bien la quête de cette guerrière qui ne veut aimer un homme que si il peut la battre à l'épée. Kalidor la suit à la trace la sauvant de justesse de chaque piège dans lequel elle tombe immanquablement, car les méchants dans Kalidor sont méchants et retors.

Il est question d'un talisman, une sorte de gros diamant vert qui s'illumine et qui doit détruire tout sur terre. Les temps barbares (on remarque dans les deux films des squelettes géants, là un mammouth au bord de la route de Conan et ici un dinosaure qui sert de pont à Sonja) sont aussi ceux du pire obscurantisme et des ténèbres. C'est le combat de Sonja et de sa troupe où elle a du mal à accepter Kalidor, elle doit battre une secte nihiliste.

Deux personnages ne vont pas tarder à l'accompagner, un gamin qui se présente comme le Prince Tarn (Ernie Reyes Jr, le fils du chorégraphe des combats), un insupportable gamin qui est gardé par son fidèle précepteur qu'il traite comme son larbin, Falkon (Paul L. Smith) qui ne quittera jamais son air blasé. Tout deux composent un duo comique qui joue sur les contrastes, petit grand, stupide malin. A la fin le gamin deviendra adulte.

Le coup du gamin laissait espérer attirer un public encore plus jeune. Il fallait donc à Richard Fleischer tourner un récit encore plus simpliste avec encore plus de rebondissements. Kalidor reprend certains scènes entières de Conan le Destructeur (la lourde porte qu'il faut ouvrir à la force des bras) avec bien moins de moyens (les explosions, les éboulements).

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