En
apprenant ce matin la mort de Jean-Pierre Beauviala par la voix de la
page facebook de la Cinémathèque de Grenoble, il m'est revenu en
mémoire les publicités des usines Aäton qui paraissaient chaque
mois dans les pages des Cahiers du cinéma. Ces publicités étaient
invariablement composées d'une photo d'un film tourné par une
caméra Aäton (dans l'exemple qui illustre ce texte c'est Une
femme en Afrique de Raymond Depardon), l’image était
accompagnée d'un court texte et d'une adresse, Usines Aäton 2 rue
de la Paix Grenoble,
Aäton
fabrique des caméras au cœur de Grenoble, dans la plus vieille
partie de la ville depuis 1971 juste après que son créateur
Jean-Pierre Beauviala ait quitté les studios Eclair. Choisir ce nom
Aäton avait un but, être le premier nom dans les annuaires
professionnels de cinéma, soit avant l'une des plus anciennes boîtes
Agfa. Le nom fait allemand avec cette inflexion sur le deuxième A,
c'est là aussi une manière d'expliquer, avec ironie, que les
français peuvent faire aussi bien que les allemands Agfa ou Kodak.
Pendant
40 ans Beauviala et Aäton ont révolutionné les caméras, ils ont
décidé d'inventer des caméras les plus légères possibles, les
plus mobiles possibles, les plus confortables possibles. De Hollywood
(Coppola) à Rolle (Godard) les meilleurs cinéastes ont filmé en
Aäton. Cela permettait des tournages plus léger, au plus près des
comédiens, d'où l'invention de la paluche la plus petite caméra au
monde. En revanche, le passage au numérique s'est soldé par un
cuisant échec et des caméras défaillantes menant l'entreprise à
la faillite.
Jean-Pierre
Beauviala lui a été très peu filmé, ici dans Les Favoris de la
lune d'Otar Iosseliani, en compagnie d'un Mathieu Amalric très
jeune, là dans La Belle histoire de Claude Lelouch, une
présence créditée nulle part. Il observe dans une scène Isabelle
Nanty et Béatrice Dalle en train de voler dans un grand magasin. Les
locaux de Aäton ont servi de lieu de tournage pour quelques scènes
de la trilogie grenobloise de Lucas Belvaux Un couple épatant
cavale après la vie. C'était François Morel qui avait ses
bureaux dans ces sous-pentes.
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