mardi 9 avril 2019

Jean-Pierre Beauviala (1937-2019)

En apprenant ce matin la mort de Jean-Pierre Beauviala par la voix de la page facebook de la Cinémathèque de Grenoble, il m'est revenu en mémoire les publicités des usines Aäton qui paraissaient chaque mois dans les pages des Cahiers du cinéma. Ces publicités étaient invariablement composées d'une photo d'un film tourné par une caméra Aäton (dans l'exemple qui illustre ce texte c'est Une femme en Afrique de Raymond Depardon), l’image était accompagnée d'un court texte et d'une adresse, Usines Aäton 2 rue de la Paix Grenoble,

Aäton fabrique des caméras au cœur de Grenoble, dans la plus vieille partie de la ville depuis 1971 juste après que son créateur Jean-Pierre Beauviala ait quitté les studios Eclair. Choisir ce nom Aäton avait un but, être le premier nom dans les annuaires professionnels de cinéma, soit avant l'une des plus anciennes boîtes Agfa. Le nom fait allemand avec cette inflexion sur le deuxième A, c'est là aussi une manière d'expliquer, avec ironie, que les français peuvent faire aussi bien que les allemands Agfa ou Kodak.

Pendant 40 ans Beauviala et Aäton ont révolutionné les caméras, ils ont décidé d'inventer des caméras les plus légères possibles, les plus mobiles possibles, les plus confortables possibles. De Hollywood (Coppola) à Rolle (Godard) les meilleurs cinéastes ont filmé en Aäton. Cela permettait des tournages plus léger, au plus près des comédiens, d'où l'invention de la paluche la plus petite caméra au monde. En revanche, le passage au numérique s'est soldé par un cuisant échec et des caméras défaillantes menant l'entreprise à la faillite.


Jean-Pierre Beauviala lui a été très peu filmé, ici dans Les Favoris de la lune d'Otar Iosseliani, en compagnie d'un Mathieu Amalric très jeune, là dans La Belle histoire de Claude Lelouch, une présence créditée nulle part. Il observe dans une scène Isabelle Nanty et Béatrice Dalle en train de voler dans un grand magasin. Les locaux de Aäton ont servi de lieu de tournage pour quelques scènes de la trilogie grenobloise de Lucas Belvaux Un couple épatant cavale après la vie. C'était François Morel qui avait ses bureaux dans ces sous-pentes.


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