Cinq
gars en pleine forme font du vélo. Hop, un faux plat, une petite
montée. L'un d'eux se détache du groupe, il s'approche de la caméra
et semble se désigner auprès du spectateur comme le leader naturel
de cette escouade. Plus loin, arrêtés au bord d'un panorama où le
paysage offre des collines désertes, chacun criera son nom à
l'écho, il dira que c'est le plus beau pays du monde. Lui c'est
Yaron (Yiftach Klein), déjà vu dans le rôle de l'énervant Yoav
dans La Petite amie d'Emile, ici son corps est devenu plus
massif, son regard plus pénétrant, sa voix plus affirmée.
Si
le titre ne le disait, il ne serait pas possible de savoir que ces
hommes sont des policiers pendant tout le premier quart d'heure. En
revanche, Nadav Lapid se plaît à décrire les rapports entre les
membres de se groupe, leur manière de se dire bonjour, des accolades
viriles quand ils se retrouvent comme à ce barbecue, leur manière
de se dire au revoir bien plus simple et qui laisse Yaron dépité de
devoir les quitter. Pendant un bon moment, leur parole est vide de
sens, les propos qu'ils tiennent entre eux d'une grande banalité.
Pourtant
le groupe est rongé de l'intérieur. Ariel l'un des policiers a un
cancer, cela on l'apprend de manière détournée toujours avec cette
volonté du cinéaste de ne pas trop en dire, de laisser mijoter son
récit à petit feu. Plus tard, lors d'un briefing, leur supérieur
hiérarchique explique la bavure qu'ils ont commis. C'est en vérité
un assassinat, ils ont tué des « terroristes » et aucun
d'eux ne veut se dénoncer. Ariel qui va bientôt mourir a décidé
de passer pour l'unique responsable. Les cinq hommes font groupe
comme un seul homme.
Yaron
est le seul dont la vie privée est montrée. Son épouse Nili
(Meital Berdah) est enceinte jusqu'aux dents. Loin d'être un macho,
Yaron dans une nudité où il se livre, lui pratique des massages
calmants, il s'occupe d'elle avec tendresse et calme. Lors de
l'anniversaire de sa mère, il la porte dans les escaliers (en Israël
aussi les ascenseurs tombent en panne). Ce portrait de Yaron est
double, exprime une schizophrénie que le film va poursuivre avec le
deuxième groupe, non pas les punks qui détruisent une bagnole comme
moyen de transition.
Ce
deuxième groupe qui va affronter les policiers dans le troisième
tiers, de manière inéluctable est composé de quatre amis, une
fille Shira (Yaara Pelzig) et quatre garçons Nathanael (Michael
Aloni), Yotam (Ben Adam) et Oded (Michael Moshonov). C'est ce
dernier qui a le portrait le plus complet, comme Nadav Lapid
s'intéressait à Yaron au sein de son groupe de policiers, il suit
le parcours d'Oded dans son rapport avec Shira dont il est clairement
amoureux, il lui dit clairement et seul un visage fermé lui est
donné comme réponse.
Ce
groupe aura aussi cinq membres quand le père d'Oded qui a bien
compris ce qui unit ses membres, va se joindre à eux. D'abord il
tente de dissuader Shira, en allant sonner à sa porte, de renoncer à
leur action. On remarque que tous ses jeunes vivent chez papa maman,
Oded dans un modeste appartement mais Shira dans une luxueuse maison.
On apprend aussi que Nathanael est le fils d'un juge de Jérusalem.
Le groupe se dit révolutionnaire mais eux sont des bourgeois qui se
prennent pour des rebelles qui se sont donné une cause.
Armée
d'un mégaphone, Shira va jouer à la révolution. Armé d'un fusil
d'attaque, Yaron va pratique la répression. Les derniers regards
dans un champ contrechamp troublant, montrent deux âmes désormais
mortes. Yaron stupéfait que ses convictions clamées pendant toute
la première partie, sa haine des Arabes apprise comme une
institution, soient contrecarrées par le visage de cette jeune
femme, les yeux grands ouverts, qui le juge au moment même où sa
femme accouche. Un mort, une naissance.
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