Dumbo
(Tim Burton, 2019)
Disons
pour faire simple que Dumbo
ressemble plus à The Greatest
showman, cet hideux biopic du
cirque Barnum agrémentée de chansons atroces, qu'à Batman
returns. Par chance Disney
n'impose pas des chansons et on voit Michael Keaton et Danny DeVito
s'affronter de nouveau comme à la belle époque. Depuis 20 ans,
l'étincelle du cinéma de Tim Burton s'est éteinte car il a fait
disparaître tout le mystère qui composait ses personnages d'animaux
humains (Pingouin et ses parapluies en était l'exemple le plus
parfait). En lieu et place on a droit à un éléphanteau en images
de synthèse, à deux gamins qui savent tout et à Colin Farrell,
soit une certaine idée du cinéma d'horreur. Certes parfois le
cinéaste trousse merveilleusement ses scènes, surtout dans la
dernière demie-heure, mais pas assez pour tromper la routine,
contrairement à ce que je lis dans une certaine presse à la sortie
du film.
Le
Vent de la liberté (Michael Bully Herbig, 2018)
J'imagine
que des profs d'allemand vont amener voir ce navet sur la seule foi
du résumé. Une famille d'Allemands de l'est qui embarquent dans une
montgolfière pour fuir à l'ouest, le tout avec la caution « tiré
d'une histoire vraie ». Mais ils vont se retrouver devant un
thriller qui cherche avec tous les moyens les plus racoleurs de créer
du suspense : vont-ils réussir à passer ou vont-ils se faire
prendre à la mitraillette ? Le jeu des acteurs, avec des
regards fuyants qui clament haut et fort leur caractère suspect, est
tellement outré qu'on croirait parfois qu'il s'agit d'une parodie,
on s'attend à voir débarquer le groupe Scorpions au coin d'un plan
et se mettre à changer Wind of Change. Palme du ridicule, les scènes
à Berlin devant l'ambassade américaine. J'avoue j'ai ri à ce
moment, c'est pourtant l'inverse que ce cinéaste allemand, qui est
dans son pays connu comme acteur comique, a cherché à faire. Peine
perdue.
Erased
boy (Joel Edgerton, 2018)
Bien
entendu qu'on est ému par le destin de ce jeune gay envoyé dans un
« camp de concentration » pour subir des traitements de
choc, d'autant plus que ce centre s'appelle Le Refuge. Or en France,
l'association Le Refuge aide les jeunes homos virés de chez eux par
leurs parents. Les méthodes décrites à grand renfort d'effets
larmoyants sont censés convaincre que tout cela est atroce. Mais le
film bute sur un détail important qui n'est jamais creusé :
l'argent dépensé par ces parents bigots pour prétendument guérir
leur rejeton de l'homosexualité. En scrutant l'aspect économique,
capitaliste de ces centres, en démontrant qu'en tablant sur la
crédulité de parents mal informés des escrocs les volent, le film
aurait eu un impact plus grand au moins pour ceux qui ne cèdent pas
au chantage du visage en gros plan plein de larmes pour être émus.
Genèse
(Philippe Lesage, 2018)
Ni
d'Eve ni d'Adam dans ce film québécois mais deux adolescents qui
découvrent enfin leur Moi amoureux : Guillaume aime Alexis et
le clame devant toute la classe. Charlotte préfère quitter son fade
petit copain Maxime pour un mec plus âgé qu'elle et totalement
inconséquent. Le tout se déroule un peu au lycée dans un
pensionnat qu'on dirait d'un autre âge. Un peu à la fac. Un prof
désobligeant fait la morale. On comprend pas tout si ce n'est
l'envie du cinéaste de donner un aspect ultra formaliste à
l'ensemble : chaque séquence montrant les rapports entres les
jeunes sont coupés par une scène où l'on entend une chanson en
mode intra-diégétique. On entend deux fois une chanson paillarde
chantée par les personnages. Elle semble le seul lien entre le récit
principal et la fin du film dans un camp scout où le jeune Félix
tombe amoureux. Le film ressemble à tous ces cinémas formalistes
récents (Yorgos Lantimas, Lynne Ramsay) alors qu'il espère devenir
le nouveau Gus Van Sant. Calice, c'est raté.
Chamboultout
(Eric Lavaine, 2019)
L'ambition
depuis quelques films d'Eric Lavaine est de tourner le nouveau Mes
meilleurs copains, le très
agréable film de Jean-Marie Poiré. Il avait déjà tenté le coup
avec Barbecue,
sorte de sous Petits
mouchoirs, il recommence ici
avec José Garcia aveugle et amnésique, tout ce que le spectateur
rêve d'être devant le film.
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