Largement
oubliée aujourd'hui, Jacqueline Audry a pourtant l'honneur d'avoir
été la première femme française à réaliser et mettre en scène
un film de long-métrage parlant, cela quelques années avant Agnès
Varda et quelques décennies après Alice Guy et Germaine Dulac
pionnières du cinéma qui n'ont œuvré que dans le cinéma muet. De
Jacqueline Audry, je n'avais vu avant cet Olivia que Gigi
tourné avant Vincente Minnelli (les deux films sont également
pénibles) et Huis-clos diffusé l'automne dernier sur Arte,
avec Arletty dans le rôle de la tentatrice. Olivia vient de
ressortir et il est projeté dans quelques salles pour le Festival
Play It Again.
Autant
le dire, je ne connais pas beaucoup ce cinéma français qui va de la
fin de guerre à la Nouvelle Vague, soit une quinzaine d'année où
le divertissement primait sur la mise en scène. Ce que Truffaut et
ses amis des Cahiers du cinéma appelaient l'Académisme est bien
présent pendant la durée d'Olivia, une reconstitution de l'époque
où se déroule le récit, grosso modo au début du 20e siècle. Le
film se contente d'un seul décor, une maison bourgeoise de
Fontainebleau, plusieurs étages où les jeunes filles du pensionnat
circule au gré des amitiés et inimitiés qui se forgent lors de
l'année scolaire d'Olivia.
Pour
moi, il faut un temps d'adaptation avec le phrasé de 1950, cette
manière de diriger les actrices, un peu compassée, très sérieuse
avec une volonté d'insister sur le mots dans les dialogues, histoire
de mieux accentuer le sens des répliques. Le film a une importance
singulière puisqu'il décrit des amours interdites, Olivia tombe
amoureuse de sa préceptrice Mademoiselle Julie (Edwige Feuillère),
sans comprendre ce qui lui arrive. Le roman publiée quelques temps
auparavant avait évidemment fait scandale et son auteure avait dû
le signer avec un pseudonyme. Jacqueline Audry elle signait bien ses
films où elle magnifiait les amours lesbiennes.
Il
existe pourtant un lieu où Olivia et trois de ses camarades de
classe partent régulièrement se réfugier, la forêt. Le spectateur
n'a pas le droit de découvrir cette forêt, il n'en entend que du
bien dans la bouche de ses personnages. La forêt est le lieu où
Mademoiselle Julie passait le meilleur de son temps avec Mademoiselle
Cara (Simone Simon) malade depuis que Julie ne veut plus aller dans
la forêt avec elle. Le film fonctionne ainsi, des jeunes filles
propres sur elles, aux robes corsetées (les tenues sont incroyables)
qui ne rêvent que d'émancipation sous les regards intenses des
préceptrices.
Il
n'y a guère que Mademoiselle Dubois (Suzanne Dehelly) qui ne semble
pas vraiment comprendre de quoi il retourne. Elle est professeur de
mathématique mais ne comprend rien à l'algèbre, seul l'intéresse
la nourriture, elle mange sans arrêt avec la complicité de Victoire
(Yvonne de Bray) la cuisinière de la pension, une garçonne au
caractère bien trempé, qui voit dans cet appétit féroce sa
frustration sexuelle, le tout sous des atours comiques plutôt bien
vus. Le film lance ainsi diverses métaphores sur la sexualité, sur
le refoulé et sur la frustration dans la France de l'époque, certes
c'est un peu appliqué mais pour 1950 cela devait être fort.
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