La
grosse surprise du chef c'est le rôle de fanfaron de Kirk Douglas,
Ned Land ce marin qui montre ses biscotos et son tatouage sur
l'épaule droite à qui veut, qui joue de la guitare pour divertir
ses camarades, qui aime se bagarrer puis rire aux éclats de ses
faits d'arme. Voilà l'homme jovial qui démarre 20000 lieues sous
les mers. Ce type avenant va se trouver au « monstre »,
une entité inconnue, puissante et destructrice. Preuves à l'appui,
cet œil qui s'illumine dans la mer, à travers les flots, flotte à
toute vitesse vers sa proie et la fait exploser dans un fracas
monumentale.
Le
grand spectacle est à l’œuvre dans cette production Disney pour
tous les publics où j'imagine que Jules Verne est quelque peu
malmené au profit de l'action avec de nombreux effets spéciaux,
dont certains sont signés par Ub Iwerks, comme le signale le
générique. En décembre 1868 quand commence le film, la technologie
balbutie et 20000 lieues sous les mers est le récit d'un
groupe d'hommes plongés, littéralement, dans ce monde du futur,
certains avec délices férus de sciences, d'autres avec méfiance.
Le
marin Ned Land débarque dans ce Nautilus, ce sous-marin construit et
dirigé par le Capitaine Nemo (James Mason) après un naufrage. Il
n'est pas seul, dans son infortune il se retrouve échoué avec le
professeur Aronnax (Paul Lukas) et son bras droit le bien nommé
Conseil (Peter Lorre). Ned, avec tout sa bravoure – qui tournera
parfois à l'inconscience – était parvenu à harponner le
« monstre », ce qui a évité que le navire sur lequel
ils étaient n'ait explosé, comme les autres. Par un juste retour de
situation, les voici à l'abordage du Nautilus.
Rapidement,
les caractères des quatre hommes vont tourner à la guerre des
clans. D'un côté, Nemo et Aronnax, les deux scientifiques se
fascinent l'un l'autre, mais quand le professeur est un idéaliste,
un homme qui croit que la science peut faire avancer le monde vers le
Bien, Nemo est cynique, sa personnalité dénote vite un nihilisme
absolu. Son but, en détruisant les navires qui traversent les
océans, ici dans l’hémisphère sud, dans l'océan indien, comme
on le remarque sur la carte maritime, est de mettre fin à ce monde
inique.
Tout
avait commencé avec une description du monde sous-marin dans lequel
Nemo vit. C'est d'abord une visite du Nautilus, de ses recoins où
Ned et les deux autres observent les pièces. Dans les couloirs,
c'est du métal, des tuyaux, des instruments en tout genre. Dans les
appartements, tout est au contraire d'un grand raffinement. Nemo vit
dans le luxe. Puis vient le repas où tout vient de la mer et cela
intéresse le professeur Aronnax autant que cela dégoûte Ned qui ne
supporte pas de devoir ingurgiter des algues et du poisson.
Il
faut bien le dire, Ned, Aronnax et Conseil sont prisonniers. Mais
seul Ned en a conscience. Pour l'instant, il se fait critiquer par
les deux autres pour son avidité quand il découvre tous les trésors
conservés dans le sous-marin. A quoi peut bien servir un kilo d'or
si on n'a rien à manger, résume Aronnax comme Nemo. Mais ces
joyaux, Ned les veut et dans sa cabine, il le dit à l'otarie
apprivoisée qui semble être devenue sa seule amie. L'animal
appartient à Nemo mais elle ne se trompe pas, elle reconnaît qui
est l'homme le plus humain, Ned.
L'intrépide
marin va trouver un allié inattendu, Conseil le falot aide de camp
du professeur. D'abord servile à son patron, il comprend (comme
l'otarie) que seul Ned a les pieds sur terre (en l'occurrence su mer)
et ensemble ils vont s'unir contre Nemo. Une alliance de
circonstances mais aussi un moyen d'apporter grâce aux facéties de
Ned qui contrastent avec le caractère timoré de Conseil,
d'introduire de l'humour. C'est un duo où les opposés font
merveille, Conseil devient soudain plus courageux aux contact de Ned
et Ned devient plus réfléchi dans ses actes.
En
regardant 20000 lieues sous les mers, je n'ai pas pu
m'empêcher de penser que le film est un galop d'essai pour Le Voyage
fantastique tourné 12 ans plus tard, les deux vaisseaux ont des
ressemblances et les deux films plongent dans un monde inconnu. Ce
qui est étonnant est l'absence de personnages féminins, certes le
sous-marin n'est pas un lieu fréquenté par les femmes. Richard
Fleischer ne cherche même pas un prétexte pour donner une
partenaire à Kirk Douglas. Les producteurs de Disney ont dû penser
qu'une otarie était bien assez pour le public d'enfants.
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