L'année
où j'ai passé le bac, comme les protagonistes de La Révolution
silencieuse, j'ai lu le roman de Milan Kundera, « La
Plaisanterie ». Cette plaisanterie écrite par un étudiant
tchèque était la suivante : « L'optimisme est l'opium du
genre humain ! L'esprit sain pue la connerie ! Vive
Trotski ! » Les conséquences étaient désastreuses pour
lui. En regardant ce nouveau film de Lars Kraume situé en 1956 (11
ans avant le roman de Kundera), je n'ai pas pu m'empêcher d'y
penser.
Certes
La Révolution silencieuse n'a pas la force du roman, comme
Fritz Bauer un héros allemand, il traîne un léger
académisme de la reconstitution. On est en 1956, à Berlin Est, tout
est paré pour qu'on retrouve l'ambiance de l'époque, cette
grisaille ambiante du quartier si bien nommé Stalinstadt. La
première séquence montre deux des lycéens passer dans le secteur
ouest pour avoir du bon temps et notamment voir un film qui n'est pas
projeté en RDA.
Theo
(Leonard Scheicher) et son pote Kurt (Tom Gramenz) ont découvert les
actualités dans la salle de cinéma, comme cela se faisait à
l'époque. Là, ils découvrent que les Hongrois se rebellent contre
les Soviétiques. Soit tout l'inverse de ce que les journaux
est-allemands écrivent. De retour au lycée, ils veulent en savoir
plus. Direction la maison de l'oncle Edgar (Michael Gwisdek) avec
leurs camarades de lycée, pour écouter la radio occidentale
interdite en RDA.
Ils
apprennent la mort d'un joueur de foot hongrois, le fameux Ferenc
Puskas (qui d'ailleurs fuira son pays lors de la coupe du monde de
Mexico). Pour soutenir la révolution hongroise, Kurt propose à ses
amis de faire deux minutes de silence lors du court de littérature.
Seul Erik (Jonas Dassler) n'est pas d'accord, mais la démocratie
fait son œuvre et l'ensemble des lycéens fait cette pause
silencieuse en début de classe.
L'enseignant
sort furieux de la classe et va se plaindre au directeur du lycée.
Ce dernier parvient à convaincre le prof en colère de ne pas
ébruiter l'affaire. Las, c'est déjà fait, il s'est plaint en
chemin à un de ses collègues, au grand dam du directeur qui sait
très bien ce qui va se passer. Le spectateur lui va découvrir cette
histoire, évidemment inspirée de faits réels. La machine à
écraser les personnalités se met en marche.
La
machine est menée d'une main de fer sans gant de velours par Frau
Kessler (Jördis Triebel), immense blonde en costumes gris,
fonctionnaire zélée du pouvoir socialiste qui va s’immiscer dans
la vie privée des lycéens, les faire chanter, les séparer, les
accuser, mentir pour les menacer, C'est le passé des parents des
gamins qui surgit alors, l'homosexualité d'Edgar, le passé nazi du
grand-père de Kurt, la travail du père de Theo,
Les
élèves résistent à la pression, même Erik sans cesse craint par
ses amis de dénoncer celui qui a lancé cette idée de la minute de
silence. Le coup de bâton suivant vient avec l'arrivée du Ministre
de l'éducation (Burghart Klaussner), c'est dans ces moments-là que
le film devient le plus douloureux pour Kurt, Theo, Erik et les
autres. On a là l'image du poids de la bureaucratie idéologique du
totalitarisme.
Le
film n'est pas dénué d'écueils, loin de là, il souffre notamment
d'une histoire d'amour très indigeste et superflue. Lena (Lena
Klenke) la petite amie de Theo, le plus éveillé de tous, le plus
insolent, envisage une romance avec Kurt. Le personnage d'Edgar, le
passeur d'informations en provenance de l'ouest, est largement
sacrifié quand il se fait arrêter par la police politique de Frau
Kessler.
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