En
1968, La
Malédiction des yokai,
produit par la Daiei, pose les bases de la légende des 100 monstres,
même si le public japonais de l’époque les connaissait
parfaitement. Les principes sont énoncés en ouverture par un récit
dans le récit où un vieil homme raconte avoir rencontré un
monstre, ici un cyclope géant et couvert de poils. L'assemblée
écoute avec grande attention, tout se passe pendant une nuit noire
comme l'inconnu. Les monstres apparaissent aux humains la nuit.
Ce
que l’on apprend ensuite, c’est qu’il faut pratiquer une séance
d’exorcisme pour être certain qu’aucun monstre ne viendra hanter
la demeure. Le vieil homme est écouté silencieusement par tous les
villageois. Assez vite, le film va séparer en deux entités
irréductibles les villageois qui croient dans les légendes et le
gouverneur qui n’y croit pas. Ce dernier a décidé de s’approprier
les masures des habitants sous la menace pour construire une maison
de jeu. Plus grave, il décide de démolir le sanctuaire.
Le
scénario est des plus classiques dans le traitement des injustices.
Le gouverneur, aidé par une bande de gros bras patibulaires ne veut
pas seulement les terrains, il convoite aussi la jeune femme
innocente qui défend les opprimés. L’argent et le sexe sont les
deux points faibles du gouverneur. Pas de chance pour lui, un jeune
homme vaillant va tout mettre en œuvre pour faire échouer ces
plans. Le gouverneur est un homme sans paroles. Il promet de laisser
le terrain au propriétaire s’il s’acquitte de sa dette. Il
prendra l’argent et le tuera.
En
revanche, ce qui lie le gouverneur et les villageois est leur passion
à écouter les histoires des monstres. Il invite un conteur dans sa
demeure. Le conteur, dans un deuxième récit dans le récit, narre
l’histoire de deux samouraïs venus pêcher dans un étang.
Arrogants, ils refusent d’écouter un vieux bonze qui les prévient
de ne pas rester là. Rentrées chez eux, la femme de l’un d’eux
se transforme en monstre au long cou et les terrifie. Les deux hommes
seront retrouvés morts le lendemain.
Le
gouverneur, dans sa grande arrogance, ne veut pas que le conteur
pratique l’exorcisme. Comme les deux samouraïs, il ne croit pas
aux monstres. Le conteur avait pourtant décrit que ceux qui
s’emparent des biens qui ne leur appartient pas méritent une
punition. Avec tous les méfaits qu’il a engendré, il aurait
pourtant du se méfier car les monstres vont venir dans sa demeure.
Ils se vengent de son absence de respect des traditions et du vol des
villageois. Les apparitions ne sont pas effrayantes, se plaçant dans
une poétique avec les déguisements faits de bric et de broc.
Ce
qui est plus intéressant est que seuls les méchants du film verront
les monstres. Ils n’apparaitront jamais aux villageois alors que ce
sont eux qui y croient le plus. Un autre personnage les verra, le
fils du gouverneur qui a un esprit simple et qui se lie d’amitié
avec le monstre parapluie (il tire une longue langue qui chatouille
le personnage). Les apparitions sont peu fréquentes. Le film étant
très court (75 minutes), le récit joue précisément sur l’attente
du spectateur de voir les montres et éventuellement de croire à
leur existence.
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