dimanche 27 mai 2018

La Malédiction des yokai (Kimiyoshi Yasuda, 1968)

En 1968, La Malédiction des yokai, produit par la Daiei, pose les bases de la légende des 100 monstres, même si le public japonais de l’époque les connaissait parfaitement. Les principes sont énoncés en ouverture par un récit dans le récit où un vieil homme raconte avoir rencontré un monstre, ici un cyclope géant et couvert de poils. L'assemblée écoute avec grande attention, tout se passe pendant une nuit noire comme l'inconnu. Les monstres apparaissent aux humains la nuit.

Ce que l’on apprend ensuite, c’est qu’il faut pratiquer une séance d’exorcisme pour être certain qu’aucun monstre ne viendra hanter la demeure. Le vieil homme est écouté silencieusement par tous les villageois. Assez vite, le film va séparer en deux entités irréductibles les villageois qui croient dans les légendes et le gouverneur qui n’y croit pas. Ce dernier a décidé de s’approprier les masures des habitants sous la menace pour construire une maison de jeu. Plus grave, il décide de démolir le sanctuaire.

Le scénario est des plus classiques dans le traitement des injustices. Le gouverneur, aidé par une bande de gros bras patibulaires ne veut pas seulement les terrains, il convoite aussi la jeune femme innocente qui défend les opprimés. L’argent et le sexe sont les deux points faibles du gouverneur. Pas de chance pour lui, un jeune homme vaillant va tout mettre en œuvre pour faire échouer ces plans. Le gouverneur est un homme sans paroles. Il promet de laisser le terrain au propriétaire s’il s’acquitte de sa dette. Il prendra l’argent et le tuera.

En revanche, ce qui lie le gouverneur et les villageois est leur passion à écouter les histoires des monstres. Il invite un conteur dans sa demeure. Le conteur, dans un deuxième récit dans le récit, narre l’histoire de deux samouraïs venus pêcher dans un étang. Arrogants, ils refusent d’écouter un vieux bonze qui les prévient de ne pas rester là. Rentrées chez eux, la femme de l’un d’eux se transforme en monstre au long cou et les terrifie. Les deux hommes seront retrouvés morts le lendemain.

Le gouverneur, dans sa grande arrogance, ne veut pas que le conteur pratique l’exorcisme. Comme les deux samouraïs, il ne croit pas aux monstres. Le conteur avait pourtant décrit que ceux qui s’emparent des biens qui ne leur appartient pas méritent une punition. Avec tous les méfaits qu’il a engendré, il aurait pourtant du se méfier car les monstres vont venir dans sa demeure. Ils se vengent de son absence de respect des traditions et du vol des villageois. Les apparitions ne sont pas effrayantes, se plaçant dans une poétique avec les déguisements faits de bric et de broc.


Ce qui est plus intéressant est que seuls les méchants du film verront les monstres. Ils n’apparaitront jamais aux villageois alors que ce sont eux qui y croient le plus. Un autre personnage les verra, le fils du gouverneur qui a un esprit simple et qui se lie d’amitié avec le monstre parapluie (il tire une longue langue qui chatouille le personnage). Les apparitions sont peu fréquentes. Le film étant très court (75 minutes), le récit joue précisément sur l’attente du spectateur de voir les montres et éventuellement de croire à leur existence.























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