La
mâchoire carrée, l’œil bleu qui frise, le sourire légèrement
narquois, le cheveu clair et lisse qui retombe sur sa nuque, le
premier gros plan (comme le dernier) montre Joe Dallesandro endormi,
clin d’œil au film le plus célèbre d'Andy Warhol Sleep,
un homme filmé pendant tout son sommeil, durée du long-métrage :
plus de 5 heures. Ce qui a souvent par ailleurs posé la question de
l'auteur dans les films de Paul Morrissey, un peu partout on peut
lire que Warhol est le réalisateur des films notamment de Flesh,
Trash et Heat.
Joe
Dallesandro avait tout juste 18 ans, beau comme un Dieu grec et Paul
Morrissey en profite pour le filmer sous toutes les coutures mais
bien entendu le plus souvent nu. Pour passer du visage d'ange au
corps entier, il faut pratiquer un zoom arrière, passer du gros plan
au plan d'ensemble, du personnage de Joe seul au groupe : sa
petite amie qui l'oblige à ramener de l'argent, les garçons qui
couchent avec lui, le vieux qui le dessine (le plan le plus iconique
du film) et enfin les deux filles, Patti d'Arbanville et Geri Smith.
La
nudité de Joe est magnifiée à chaque moment, Flesh est
essentiellement un film d'intérieur, une chambre souvent avec un
lit. Joe est un prostitué à la recherche de clients. Le film est
constitué de discussions de durée variée que l'on sent extrêmement
improvisée mais mise en scène par le montage avec ce « scratch »
régulier (et franchement énervant à la longue) entre les plans, un
son qui rappelle les scotchs de changement de bobines dans les
projections de film en 35mm. Ce son affirme l'idée underground du
film
Les
scènes d'extérieur se déroulent dans les rues de New York, des
rues plutôt dépeuplées, dans les deux autres films Trash et
Heat seront en Californie et ils sont beaucoup moins naturels
que Trash. Joe Dallesandro porte un chemise bleu sur un
t-shirt noir et, accessoire vestimentaire essentiel, un bandana rouge
pour calmer l'esprit rebelle de ses cheveux. Joe Dallesandro avec son
petit tatouage « Joe » sur le biceps droit ressemble à
un petit garçon naïf lâché au milieu d'une faune interlope, c'est
dans ce paradoxe que Flesh fonctionne.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire