Cette
troisième aventure a deux titres bien distincts, l’italien associe
pour la première fois Don Camillo et Peppone en offrant à ce
dernier l’adjectif onorevole, l’honorable. C’est que le
début de La Grande bagarre de Don Camillo voit une nouvelle
campagne électorale prendre corps dans le village. Non pour briguer
un nouveau mandat de maire mais pour être député. Peppone a toutes
ses chances, il est très populaire (même l’opposition municipale
regretterait son départ) malgré ses soudaines colères et sa sale
habitude de décider à la place des autres.
Le
Parti dépêche au village un conseiller en communication, en
l'occurrence une conseillère, une jeune femme dynamique et charmante
qui va attirer tous les hommes aux meetings, ce qui rend furieuse de
jalousie l'épouse de Peppone (elle menace de le quitter). Mais ce
qui manque au maire (la vieille institutrice l'avait appris dans le
premier film) c'est son certificat d'études. Ses camarades le font
réviser, il connaît tout sur le bout des doigts même le théorème
de Pythagore. Il va réussir mais les sujets ne l'inspirent guère.
Faire
échouer un futur député, impossible pensent les examinateurs. Don
Camillo aimerait tant qu'il rate son certificat d'études, mais
l'arrivée du petit Lénine, le dernier né de Peppone, le pousse à
un peu tricher et à donner au maire la solution à ce problème de
robinet qui s'écoule. Pour la composition écrite, Peppone doit
parler d'un « homme que vous n'oublierez pas ». Mais qui
donc, se demande-t-il en se grattant la tête, mais cet homme est
forcément le curé lui répond Don Camillo non sans absence de
modestie.
C'est
dans La Grande bagarre de Don Camillo à l'occasion de cette
rédaction que l'on découvre comment les deux ennemis intimes se
sont rencontrés pour la première fois. Peppone était un résistant
communiste et Camillo un curé de campagne barbu. La cocasserie de la
scène de flash-back vient du contraste entre ce que l'on voit à
l'image et ce qu'écrit Peppone. Il se donne dans sa rédaction le
beau rôle mais la scène le montre un peu veule, pas aussi courageux
que Don Camillo. Où est la vérité ? Dans les images ou dans
la légende ?
Ce
passé ressurgit dans le récit avec ce tank caché dans la ferme
d'un homme de Peppone, un métayer qui continue d'occuper une ferme
qui ne lui appartient pas. Là, on comprend que le tank n'est pas de
l'Allemagne nazie (les occupants) mais des USA (les libérateurs).
Tous les deux se promènent dans ce tank pendant la nuit, jusqu'à ce
qu'un obus s'échappe du canon, par une grande maladresse de Peppone,
et qu'il atteigne la colombe installée au milieu du village.
Evidemment, les communistes se demandent qui sont les auteurs de cet
ignoble attentat.
Les
bisbilles entre les deux camps sont gentilles. Le curé sabote
l'affiche électorale de Peppone (il maquille le maire en diable).
Mesure de rétorsion : le maire fait voler les poules que Don
Camillo élève dans sa cour. Ce sont essentiellement les rapports au
catholicisme qui sont développés, la manière adoptée par Peppone
pour venir prier en secret dans l'église. Prier la Sainte-Vierge
pour gagner les élections législatives. Il va gagner même si Don
Camillo exhorte Jésus, qui refuse d'intervenir, à le faire perdre.
Parce qu'il veut garder son maire adoré au village.
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