Quand
on se rend à New York et qu'on se promène dans Manhattan, l'un des
plus beaux beaux bâtiments à visiter est le bibliothèque publique,
la New York Public Library. Le vieil immeuble adossé à Bryant Park
a servi de décor à SOS Fantômes, c'est dans les rangées
des fiches que le premier slime faisait irruption effrayant
une pauvre bibliothécaire coincée en tailleur strict comme on les
imagine dans les films de fiction. Ex-libris n'évoque pas SOS
Fantômes et ceux qui dirigent la NYPL ne sont plus des rats de
bibliothèque.
Tourné
juste avant l'élection de Donald Trump mais monté après, le film
s'ouvre sur un discours sur l'ignorance et sur la liberté que peut
apporter aux habitants de New York le réseau de bibliothèques.
Cette liberté ne peut être préservée que par le soutien de la
ville de New York, dirigée depuis 2013 par Bill de Blasio, maire
démocrate de gauche. La municipalité subventionne largement la NYPL
et les discussions du directeur et de son équipe cherchent à
trouver un équilibre entre les sommes versées par la ville et le
mécénat.
Pendant
les 3h 17 minutes du documentaire de Frederick Wiseman, on découvre
à quoi sert cette argent. Une bibliothécaire néerlandaise explique
qu'il n'existe pas de modèle de bibliothèque, LA bibliothèque, que
cela ne consiste pas seulement à emprunter ou consulter des
bouquins. Les agents au téléphone, en service public, doivent
répondre à toutes les demandes, comme la généalogie des Herzog en
Autriche, comme l'origine des licornes (un moine écrit sur l'animal
légendaire en 1225, plus ancienne occurrence). Tant qu'ils peuvent
répondre.
A
New York, chaque district a un antenne de bibliothèque. Certes, la
préférence de Frederick Wiseman se porte essentiellement sur celle
du centre de Manhattan avec ses deux sculptures de lion (le symbole
de la NYPL visible sur tous les fanions devant chaque bâtiment),
mais il se déplace aussi dans le Bronx et dans d'autres quartiers de
Manhattan, à Chinatown pour aider les Chinois (qui parlent
cantonais), dans le centre de livres en braille ou à Harlem où les
bibliothécaires sont aussi des assistants scolaires pour apprendre à
lire et écrire.
Contrairement
à National Gallery, le cinéaste appréhende relativement peu
les coulisses de la NYPL, c'est le point faible du film. Il est
montré le long parcours des documents, leur tri sur des chaînes de
tapis roulant, les photographies des documents anciens, cartes,
livres, mais ce sont les invités qui occupent la meilleure part.
Elvis Costello et Patti Smith ne font pas le poids face à cette
jeune femme qui parle des liens entre Lincoln et Marx ou face au
président du fond Arturo Schomburg, là le film est réellement
passionnant, la parole comme souvent est celle de la résistance des
minorités.
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