M
(Sara Forestier, 2017)
En
2003, Sara Forestier jouait dans L'Esquive une lycéenne de 17
ans, en 2017 dans M sa première mise en scène de cinéma,
Sara Forestier joue une lycéenne de 17 ans. Mais cette fois, elle
bégaye ni sur un mode tragique ni sur un mode comique. Son film
parle des mots, des maux, de Mo, le personnage masculin qui ne sait
pas lire quand elle ne sait pas parler. Un peu de poétique du pauvre
(on vit dans une roulotte), un peu de social (la mixité), un peu de
sensualité. Parfait pour un court-métrage ici étendu pendant 100
minutes.
D'après
une histoire vraie (Roman Polanski, 2017)
Si
l'on parvient (de moins en moins) à séparer l'homme qui traîne des
casseroles de viol avec l'artiste, alors on peut dire que ce dernier
film est une merde. Tourné avant Misery, il aurait été un
thriller passionnant, on y trouve même une jambe dans le plâtre.
Tourné avant Sixième sens, il aurait été un modèle de
mise en scène. Assez vite, on remarque que le personnage de stalker
que joue Eva Green ne parle qu'avec Emmanuelle Seigner, jamais avec
d'autres personnages (il faut observer les deux scènes au café).
Tourné après Ghost writer, on se rend compte qu'il n'a rien
à dire de mieux sur la littérature.
Mise
à mort du cerf sacré (Yorgos Lanthimos, 2017)
Cette
année, à Cannes la compétition était entre cinéastes qui
pomperaient le plus le style de Kubrick. Film gagnant, que des plans
à la symétrie parfaite où les personnages sont précédés par une
caméra à la steadycam dans les dédales d'un hôpital digne de
l'hôtel Overlook. Symétrie de la famille, un papa, une maman, une
fille, un fils. Le cinéaste grec est tellement obsédé par ses
mouvements d'appareil et sa symétrie (ah ces recadrages à la
Tavernier) qu'il en oublie seulement d'apporter le trouble et
l'effroi nécessaires au personnage de Martin pour exister. Colin
Farrell est encore plus mauvais que dans Les Proies.
A
beautiful day (Lynne Ramsay, 2017)
La
cinéaste écossaise est elle aussi une grande admiratrice de Stanley
Kubrick, la séquence dans la résidence du gouverneur Williams en
fin de film est à la fois un hommage à Shining et à 2001
l'odyssée de l'espace. Le slogan de l'affiche comme les deux
prix cannois ne sont qu'un cache-misère, on voudrait la comparer à
Scorsese, on est devant un Joel Schumacher. Joaquin Phoenix, plus
histrion que jamais (il pleure – une seule larme, il cherche des
bonbons verts, il vit chez maman) s'est fait la gueule de Mel Gibson.
La mise en scène consiste à le montrer détaché de tout ce qui lui
arrive (coucou Drive) mais criblé de souvenirs douloureux
(bonjour Dr. Freud). Le film tape mollement sur la corruption des
élites (un gouverneur et un sénateur sont pédophiles et
s'échangent leurs filles), et quand je dis taper, c'est avec le
marteau de Joaquin Phoenix.
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