Effacer
l'historique (Benoît Delépine & Gustavec Kervern, 2019)
La
vie privée, ce douloureux problème. C'est l'argument de nos trois
petits cochons qui se trimballent dans leur lotissement morne comme
dans une fable à La Fontaine – tout est dans la morale finale :
consommer c'est mal – dans une catalogue à la Bouvard et Pécuchet
de tous les errements de ce trio d'anciens Gilets Jaunes (« le
rond-point où on s'est connus alors qu'on savait pas qu'on était
voisins » dit Corinne Masiero) dans leur vie merdique. A un
certain point du film, une fois qu'on sait que Corinne Masiero est
une teigne, que Blanche Gardin une alcoolo irresponsable et Denis
Podalydès un béni-oui-oui persuadé d'être anticonformiste, il est
difficile de dire si le film déteste ses personnages ou s'il les en
a en pitié. Certes le duo imagine fait un portrait miroir des trois
ans de la politique Macron sur nos anti-héros mais l'humour se
voudrait caustique quand il ne pratique que l'ironie (« le
numéro vert gratuit surtaxé », « j'ai pris un antivirus
gratuit à 14,99€ par mois »). Tout le film ne fonctionne que
sur ces dialogues un peu absurdes dans une volonté très voyante de
devenir les nouveaux Mocky de la France d'aujourd'hui. Pour pimenter
l'ensemble, Delépine et Kervern ont invité pas mal de leurs anciens
acteurs pour une scène, une apparition diverse mais à cause d'un
rythme nonchalant, des gags répétés (ce qui est différente de
récurrents), ça ne suffit pas à vraiment soulever plus que
quelques vagues sourires.
Yakari,
la grande aventure (Xavier Giacometti & Tobi Genkel, 2019)
C'est
plutôt convenable comme film pour les enfants malgré quelques
animaux pas très bien dessinés. Il y a une dose d'aventure (Yakari
traverse tout une contrée seul puis avec son cheval Petit Tonnerre),
de la magie (Yakari cause aux animaux et le film déploie tout un
bestiaire d'animaux sauvages), de la comédie (le castor paresseux,
les deux autres papooses), du suspense proche de l'angoisse (c'est
qu'il est livré à lui-même et que de vilains adversaires sont à
la poursuite du petit Indien, cela s'ajoute au climat – option
écologie garantie), de la tendresse (papa et maman cherchent leur
fils). Bref, le film se regarde tout à fait, en plus il est
relativement court.
T'as
pécho ? (Adeline Picault, 2019)
Ça
commence pas très bien avec ce genre de dialogues qu'on donne à
dire à des ados et où tout sonne faux. Des dialogues écrits par
des adultes plaqués dans la bouche des enfants. Mais petit à petit,
ces dialogues s'avèrent n'être que les clichés que les jeunes
collégiens semblent forcés de sortir à leurs camarades : ils
doivent reproduire ce qu'ils pensent être nécessaire pour être
populaire ou pour exister tout simplement. Les clichés sont les
fringues et le film déshabille ses jeunes acteurs pour révéler
leur petite vie. Le tout dans un vestiaire de piscine qui leur sert
de confessionnal autant que salle d'éducation à la vie. Là, le
film se met enfin à devenir vraiment bon, à la fois drôle et bien
senti. C'est rare d'arriver à cet équilibre en douceur. Certes le
film lorgne vers Les Beaux gosses avec 10 ans de plus dans la
cruauté du milieu scolaire mais la réussite rappelle Le Nouveau
de Rudi Rosenberg et parfois Rattrapage de Tristan Séguéla,
deux films passés un peu inaperçus mais qui méritaient le détour.
Dommage que le titre choisi soit si nul car T'as pécho ?
est la bonne comédie surprise estivale.
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