La
première fois que j'ai découvert chaque film de Sam Peckinpah, à
peu près en même temps quand ils sont tous sortis en DVD dans leur
première édition soir grosso-modo en 2005, je n'avais pas compris
que d'une certaine manière Major Dundee, La Horde sauvage
et Pat Garrett et Billy the Kid formaient une trilogie. Un
thème commun, un long voyage en cheval entre deux ennemis de deux
camps opposés mais qui se connaissent parfaitement, d'une vie
d'avant qui est désormais révolue et où chacun avait pris des
directions différentes.
Un
shérif qui poursuit un braqueur de banque dans La Horde sauvage,
deux anciens desperados l'un resté bandit l'autre devenu chasseur de
primes dans Pat Garrett et Billy the Kid. Dans Major
Dundee, le personnage éponyme que joue Charlton Heston est un
soldat yankee envoyé dans le sud des Etats-Unis pour chasser un
terrible chef Apache nommé Sierra Chariba. L'Indien a commis
quelques massacres et personne ne veut plus aller à sa poursuite.
Amos Dundee (son prénom est régulièrement employé dans les
dialogues) va constiyuder une équipe.
Dans
ce film post Guerre de sécession, les ennemis des soldats nordistes
ne sont pas vraiment les Apaches mais plutôt les anciens sudistes
confédérés. Amos Dundee va s'unir au Capitaine Benjamin Tyreen
(Richard Harris). Jadis dans la même promo de West Point (comme dans
le début de La Charge fantastique de Raoul Walsh), ils furent
séparés par la guerre mais ils se connaissent par cœur, c'est ce
qui fait la ligne narratrice de Major Dundee. Amos, le visage fermé,
déclame la « carrière » de son ancien ami, Tyreen a
toujours ce petit sourire en coin.
C'est
étonnant de voir tant d'acteurs britanniques, je n'en connais pas
vraiment les raisons. A la limite, si tous les sudistes étaient
interprétés par des Britanniques ça se comprendrait, notamment
pour marquer les différences d'accent entre le nord et le sud, celui
du sud étant plus ampoulé. Mais l'un des nordistes, le jeune Tim
Ryan est joué par Michael Anderson Jr est anglais. C'est un
personnage candide – comme ceux que jouait Ben Johnson chez John
Ford, un jeune puceau qui va coucher pour la première fois lors
d'une fête au Mexique dans une de ces fameuses séquences de calme
entre deux batailles.
Tim
Ryan est le narrateur du film, l'auteur du texte qui sera entendu
pendant le film, un texte un peu superflu mis ici pour créer un
certain suspense puisqu'il parle de massacre dès le début. Un autre
personnage est épatant, le Lieutenant Graham (Jim Hutton), pur
produit des écoles militaires qui n'aime que l'ordre et la
discipline mais va devoir bafouer toutes ses propres règles à
commencer par voler des armes et des chevaux pour constituer cette
escouade qui s'avère être à peine reconnue par l'armée.
Bref,
le Major Dundee doit trouver des fortes têtes qui veulent traquer
Sierra Chariba. Surtout des gars qui n'auront pas peur de mourir.
Parmi les nordistes, on trouve un certain Samuel Potts que joue James
Coburn avec un seul bras. Et pas d'acteurs fidèles du cinéaste, des
deux côtés (L.Q. Jones, Warren Oates, Ben Johnson et Slim Pickens).
Mais j'aime beaucoup la manière dont il harangue les sudistes. Après
un beau discours un peu vache, il traverse la masse des sudistes qui
s'écartent à son passage, ça me fait penser à Moïse qui écarte
la mer rouge, ça m'a fait rire.
Je
vois en fin de film une autre référence à la carrière de Charlton
Heston. Il s'agit d'une dispute entre Tyreen et Dundee, ce dernier
s'est fait tirer dessus « comme un sous-lieutenant »
alors qu'il séduisait une Allemande (je vais l'impasse sur cette
romance mal fagotée). Dundee est salement blessé et devrait rester
au calme au camp mais il faut aller au Mexique sur le piste de
l'Indien. Tyreen lui sort un « vous n'avez rien d'un
Mexicain ». Immédiatement j'ai pensé à son rôle de policier
mexicain dans La Soif du mal affublé d'une grosse moustache
et le teint halé.
Comme
avec Orson Welles, Charlton Heston avait choisi Sam Peckinpah pour ce
film, avait fait en sorte que la Columbia ne sabote pas le tournage
en coupant les vivres, bref, l'acteur assurait ses arrières dans sa
volonté de varier ses rôles et personnages. D'après ce que j'ai pu
comprendre, le tournage a été compliqué, Charlton Heston ne
supportait pas le comportement de Richard Harris (un acteur que je
connais très peu, j'ai vu peu de ses films). Il y a toujours, comme
il y a 15 ans, quelque chose qui ne me satisfait pas dans Major
Dundee, je préfère ses films suivants.
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