Il
n'est pas sûr que la presse généraliste, les journaux parlent de
la mort de Benny Chan survenue aujourd'hui. Le cinéaste de Hong Kong
n'avait que 58 ans mais il avait commencé dans la redoutable
industrie du cinéma de l'ancienne colonie britannique dès 1990 dans
l'écurie Johnnie To (période pré Milkyway). Il a ensuite été à
l'école Tsui Hark – Film Workshop (avec notamment ce The
Magic crane) pour ensuite
devenir l'un des « yes man » de Jackie Chan (New
Police Story et Rob-B-Hood
pour ne parler que de films édités chez nous en DVD. En tout 25
films en une trentaine d'années.
Le
scénario The Magic crane
vient d’un vieux récit de la littérature chinoise classique déjà
adapté au cinéma dans les années 1960. Tsui Hark a toujours de
l’engouement pour ces récits situés dans une époque passée et
légendaire. Son ambition apparaît clairement dès le début du film
quand il montre le moine et son disciple (Damian Lau et Tony Leung
Chiu-wai) sont au beau milieu de deux confréries d’artistes
martiaux. On pense immédiatement à Zu
warriors from the magic mountain
et pas seulement au début. Tsui Hark cherche évidemment à marcher
sur les plates bandes de son propre film.
Inutile
de chercher un crâne magique dans ce film, les faux amis en anglais
sont parfois légion. The
Magic crane, c’est
une cigogne magique et cet oiseau géant vient à la rescousse de
ceux qui ont des problèmes avec les méchants. Nuage (Anita Mui)
chevauche sa cigogne et traverse le ciel avec majesté et son sourire
énigmatique. Elle va aider le jeune disciple interprété par Tony
Leung Chiu-wai. Et d’ailleurs de deux manières, en le sauvant
régulièrement des griffes des vilains et en l’ouvrant à le
sexualité, lui pauvre et gentil puceau.
Ainsi
The
Magic crane va
mêler constamment les deux pôles de cette histoire. D’un côté,
une aventure extrêmement basique avec des gentils (le moine Yat et
le disciple Ma) et leurs alliés (Nuage et sa cigogne magique) qui
vont aller à un tournoi d’arts martiaux. Un jeune prétentieux
espère gagner tous les combats y compris avec des moyens peu
honnêtes. C’est le chef du clan du Dragon. Il fera office de
méchant. Au milieu se trouve le responsable du tournoi. Il est vite
débordé par la tournure des événements. Les chefs des écoles
martiales vont être empoisonnés et tout va aller de mal en pis.
Régulièrement,
de nouveaux personnages arrivent dans le récit pour compliquer un
peu tout et donner du ressort à l’histoire. Butterfly (Rosamund
Kwan) sera l’ennemie de Nuage. Ce dernière a pour Maître le père
de la première qui l’abandonnée vingt cinq ans auparavant, ce qui
on le comprend rend les choses encore plus complexes. Elle va cherche
à se venger. Les armes que les deux femmes vont utiliser sont le
son, le sitar pour Butterfly et la flûte pour Nuage. Là réside à
vrai dire le seul intérêt du film puisqu’elles vont se battre en
jouant de la musique. Stephen Chow se rappellera ces combats dans son
Crazy
kung-fu.
Certes
le film est divertissant et parfois beau à regarder. On rit
franchement aux effets spéciaux primitifs (ah, la cigogne en papier
mâché) et sur les tonnes de sang déversés. The
Magic crane est une
variation kitsch surtout avec l'arrivée dans le film d’une jeune
femme, alliée du clan du Dragon, qui n’hésite à allumer tous les
hommes présents. Tsui Hark met une pointe d’érotisme pas
franchement brûlant. En fait, c’est même un peu vulgaire. Et le
scénario continue à piquer quelques pans de l’histoire de Zu
les guerriers de la montagne magique :
le vieux enchaîné, les belles femmes vénéneuses. Tsui Hark sert,
dans cette série B, ce qui a déjà marché 10 ans plus tôt. Ce
kitsch sera aussi la marque de fabrique de Benny Chan, il suffit de
voir Gen-X-Cops pour
s'en convaincre.
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