Enfin
du cinéma américain ! Du gros film d'action qui tache, du road movie intimiste et du cinéma d'auteur qui aime le cinéma français.
Greenland,
le dernier refuge (Rick Roman Waugh, 2020)
C'est
pour l'instant le seul film d'action, un gros film puisqu'il y a
Gerard Butler, le seul acteur hollywoodien qui sache aussi bien
grogner quand il n'est pas content. Et souvent dans Greenland n'est
pas content. Il faut dire qu'une comète s'écrase sur la notre
planète petit à petit, parfois des petits cailloux, parfois des
énormes morceaux de roche en incandescence qui détruisent tout sur
leur passage. Gerard Butler, un soir de barbecue avec des gentils
voisins, reçoit un coup de téléphone lui annonçant qu'il fait
partie des futurs rescapés. « Tu fais un métier utile, t'es
ingénieur » lui dit un voisin dépité de pas être appelé,
il doit exercer une profession « non essentielle ».
Gerard Butler grogne et sa femme crie de devoir partir avec leur
fils. Destination le Groenland là où l'armée américaine a
construit des bunkers pour se réfugier (c'est sans doute pour ça
que Donald Trump veut acheter l'île). Seulement voilà, tout ne se
passe pas comme prévu. Le fiston est diabétique et l'armée
considère l'enfant comme un fardeau. Le but du jeu du film est de
parcourir le trajet Géorgie – Groenland en SUV. Ça grogne
beaucoup, ça fait des petits cris perçants, ça perd ses doses
d'insuline. Nos trois personnages se perdent, se retrouvent, ça
lorgne du côté de La Guerre des mondes version Spielberg. C'est
follement amusant, les effets spéciaux de destruction de la Terre
sont mal fichus. Mieux que ça, le Président américain n'apparaît
pas dans le film, on parle de théorie de l'évolution, on n'évoque
pas Dieu. Un film donc hautement recommandable.
Light
of my life (Casey Affleck, 2017)
Atmosphère
post fin du monde, tendance grisaille, tendance cinéma indépendant
avec peu de décors quelques maisons isolées et désertées,
beuacoup d'arbres surtout la forêt de Colombie Britannique qui
permettent de rappeler les peurs enfantines – on ne sait jamais ce
qui peut surgir de la forêt. Un père et sa fille seuls au monde qui
fuient les hommes, surtout quand ils paraissent inoffensifs. Le film
est très simplement construit : des longues séquences de
discussion placide et philosophique entre le père et la fille, ça
commence par une histoire pour s'endormir, ça continue sur le
harcèlement sexuel, ça se poursuit sur les règles etc. Entre
chaque discussion, un nouveau lieu où on se calfeutre, où on
prévoit un plan pour s'échapper. Enfin la fuite de ses hommes.
L'évolution du récit va de l'anodin au grave, du grand calme au
meurtre. Ça se veut cinéma d'auteur en mode explosion des clichés,
ça y parvient parfois. Mais comme Greenland, je suis
tellement en manque de cinéma américain que ça passe.
The
Climb (Michael Angelo Covino, 2019)
Entre
entendre une chanson de Gilbert Bécaud et voir Judith Godrèche le
temps de quelques plans, je ne sais ce qu'il y a de plus bizarre dans
The Climb. Certes le personnage de l'actrice meurt vite mais il
enclenche cette fiction étalée sur plusieurs années qui commence
dans l'arrière pays niçois (le seul endroit où un conducteur de
2CV rouge pratique les arts martiaux israéliens) et se termine dans
un village de Nouvelle Angleterre. Ça commence avec du vélo et ça
se termine avec du vélo. Entre les deux, durant toutes ses années
Kyle et Mike vont tout faire pour se détester puisqu'ils sont les
meilleurs amis du monde. Plus que Eric Rohmer, Claude Sautet ou
Pierre Etaix (on voit un extrait du Grand amour), j'ai pensé
à Hal Hartley (avec tout ce que je n'aime pas dans ses films) et
Richard Linklater (avec tout ce que j'aime dans ses films). Soit un
goût pour les plans séquences, pour les chansons inconnues et
incongrues, pour les longues ellipses où l'on doit reconstituer
plusieurs années de la vie de nos deux tocards. Le film est parfois
violent dans les sentiments qu'ont les deux hommes mais le duo de
cinéaste – scénaristes – acteurs tient bon la route. J'attends
leur prochain film.
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