Avec
astuce, le film est dédié à H.G. Wells et à Orson Welles, pour
tout simplement rappeler à l'éventuelle censure polonaise que tout
cela a été écrit et mis en scène à la radio avant guerre. Piotr
Szulkin prend cette petite précaution pour ne pas trop fâcher de
cher général Jaruzelski puisque le film est clairement une critique
de son arrivée du pouvoir, de la répression de Solidarnosc dans une
allégorie simple : les Martiens débarqués sur Terre volent le
sang des Terriens.
Les
voici ces Martiens, de toute petite taille, le visage argenté
totalement fermé, portant un bonnet rouge et vêtu avec une doudoune
qui les enveloppe. Ils sont toujours accompagnés de gardiens armés
et solidement protégés par leur armure de plastic et de leur
casque. Ce sont des humains mais qui obéissent au doigt et à l’œil
aux Martiens. Ils accomplissent, comme tous les collaborateurs des
forces d'occupation, les basses taches avec grand plaisir.
Le
héros de La Guerre des mondes, le siècle prochain
s'appelle Iron Idem (Roman Wilhelmi) que l'on voit pour la
première fois avec son épouse (Krystyna Janda) dans une rue déserte
d'une ville grise et ocre (comme c'était le cas dans Le Golem). Ils
croisent deux enfants qui jouent au Terrien (en laisse) et au Martien
(qui le bastonne), comme on jouerait au cow-boy et aux Indiens. Dès
le plus jeune âge, ils reproduisent les gestes du quotidien des
Martiens.
Tourné
en polonais, le film dès cette première place ses personnages dans
un univers en anglais. C'est-à-dire que toutes les affiches sur les
murs sont en anglais, comme les slogans sur les murs, les enseignes
et l'émission de télévision de Iron Idem. Car il est journaliste à
la solde de l'entente avec les Maryiens, il délivre la propagande
officielle avec une perruque blonde et un sourire forcé, le tout
avec une musique tonitruante et des couleurs flashy.
Mais
un jour, Iron Idem se voit refuser de lire le texte préparé. Son
patron l'oblige à lire un texte truffé de mensonges. Idem n'aura
pas beaucoup de répit. Dès le lendemain, les sbires l'arrêtent
après avoir tronçonné sa porte d'entrée et mis son épouse dans
un sac plastic. Le voilà dégradé de tous ses droits, comme cela se
faisait quand on s'opposait à le ligne du parti. D'emblème du
régime, il devient un paria de la société que tout le monde évite.
Il
s'agit pour Piotr Szulkin de tourner avec ces quelques procédés de
tourner en ridicule la marche du pouvoir. Effectivement, tous ceux
qui agissent comme des contre-maîtres sont vils, mesquins, égoïstes.
Pas seulement les flics, mais aussi le concierge, le patron de la
télé, les commissaires. Chacun est caricaturé avec un esprit
grotesque qui passe par les corps, les tenues, les uniformes, les
postures et les dialogues.
Plus
que la liberté de parole et de mouvement, Iron idem recherche sa
femme, pure fantasme blond qu''il remplace par une prostituée qui
sort tout droit d'un tableau de Edward Hooper (elle porte une grande
robe robe qui laisse apparaître son dos). N'y arrivant pas, il tente
de détruire tout ce qui a été sa vie, la télé désormais
omniprésente, toujours à diffuser partout des nullités (du porno à
la cantine par exemple) pour endoctriner le bon peuple.
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