Dans
La Fiancée de Frankenstein, James Whale faisait intervenir un
savant à la science encore plus avancée que celle du Dr.
Frankenstein. Ce Dr. Pretorius était parvenu à créer de toutes
pièces des êtres vivants mais de la taille d'un lilliputien. Il les
tenait chacun sous cloche de verre, histoire qu'ils ne s'échappent.
Quelques mois plus tard, Tod Browning reprend cette idée de
« poupée » vivante, le récit des Poupées du diable
reste en Europe, à Paris. Mais après une ouverture de film dans une
nuit noire où deux hommes s'échappent d'une prison.
Dont
le créateur de ces poupées, un certain Marcel (Henry Walthall),
savant aux cheveux hirsutes et aux yeux de fou. Il est accompagné de
Paul Lavond (Lionel Barrymore), incarcéré depuis des années mais
innocent. Il a été trahi par ses trois associés, trois hommes
d'affaires, dont il cherche à se venger. L'invention diabolique de
Marcel va lui servir à assouvir cette vengeance. Les Poupées du
diable n'est évidemment pas le récit de la méthode utilisée
pour réduire les humains mais celui de la mise en œuvre de cette
vengeance.
Mais
la bataille de Lavond est double, dans la restauration de son honneur
perdu, il doit convaincre sa fille Lorraine (Maureen O'Sullivan) de
son innocence. Elle a vécu avec sa grand-mère depuis ce temps,
marnant comme lessiveuse sous la férule d'une patronne peu commode.
Elle a un sympathique fiancé, Toto (Frank Lawton). Il ne résiste
pas à la joie de la voir et pour cela, Lavond se déguise en vieille
dame, perruque, vieille blouse et lunettes cerclées. Lionel
Barrymore modifie sa voix, le ton est aiguë et chevrotant.
Le
travestissement de Lavond agit comme la transformation de Jekyll en
Hyde. En homme il est innocent mais recherché par la police, en
femme c'est un meurtrier, c'est là que se joue la délicieuse
inversion morale du film. Lavond manipule ses poupées par la pensée,
Tod Browning filme en gros plan les yeux de son acteur, caché pour
qu'il ne soit pas vu dans la nuit noire des rues sombres. Il commet
des méfaits avec l'aide de l'épouse de Marcel, Malita (Rafaela
Ottiano) à la mèche blanche qui évoque la fiancée de
Frankenstein, pour appuyer la ressemblance entre les deux films.
Deux
manières de filmer les poupées : la transparence simple. Les
acteurs qui incarnent des poupées jouent sur des scènes filmées
auparavant et projetées comme décor. Pour les scènes où les
poupées « attaquent » les proies de Lavond, ce sont les
décors qui changent d'échelle, les acteurs jouent au milieu de
meubles et accessoires réels mais dont la taille devait être
démultipliée. Dans un cas comme dans l'autre, l'effet est toujours
appréciable et pour le spectateur de 1936, il devait être très
impressionnant de réalisme.
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