Quand
Harold Lloyd tourne un film sur le cinéma, il voit son personnage
(Harold Hall, HH) comme un jeune gars du Kansas qui rêve de devenir
un jeune premier (l'acteur avait déjà 39 ans). Dès qu'il rentre du
boulot, il déclame des répliques qu'il a lues dans un magazine de
cinéma et imagine que le moulin à café manuel que sa mettre
actionne est une caméra comme au temps du muet. Harold a préparé
une lettre pour Hollywood mais au lieu de mettre sa photo, il glisse
dans l'enveloppe celle de quelqu'un d'autre (il n'est pas indiqué
qui est cet homme).
C'est
que Harold est l'homme le plus maladroit du monde. Cette photo était
une maladresse involontaire mais à Hollywood, ça marche, la photo
séduit O'Brien (Spencer Charters) un producteur en quête de jeunes
acteurs. Il le convoque dans son studio pour passer un essai. C'est
lors de leur première rencontre que la folie destructrice d'Harold
est à son paroxysme, il accumule les va-et-vient entre les bureaux
d'O'Brien et de sa secrétaire et il profite pour briser les vitres
des portes, allumer le ventilo devant les contrats et défoncer les
chapeaux.
Cette
maladresse se poursuit dès qu'il est dehors. Il observe un tournage,
une espagnolade romantique. L'assistant du réalisateur lui demande
de faire le figurant, au dépoté. Là encore, il ne comprend rien à
ce qu'il doit faire et renverse tout, jusqu'à l'acteur principal de
ce film en tournage, le séducteur Vance (Kenneth Thomson). Ainsi,
Harold Lloyd reproduit l'idée du splastick, du burlesque enfantin
dans le cinéma parlant, avec parfois quelques gags extrêmement
laborieux à force de répéter dans de multiples variations chaque
gag.
Harold
est un gamin au milieu du cinéma, ce qui produit un effet très
simple, il ne discerne pas la réalité de la fiction. Là est sans
doute le motif le plus travaillé de Silence on tourne. Harold est
tombé amoureux du personnage du film en tournage et non pas de
l'actrice qui interprète ce personnage. Tel Clark Kent quand il
devient Superman, il n'a pas vu que Mary Sears (Constance Cummings)
blonde au naturel est ce personnage quand elle porte une perruque
brune et adopte un accent latino quand elle joue. Evidemment, il va
tomber amoureux des deux femmes.
Cette
mise en abyme crée quelques troubles (d'ailleurs Mary Sears surnomme
Harold « Trouble ») dans la vie de notre maladroit. Il
accumule les gaffes en cherchant à séduire alternativement Mary et
son personnage et se plante sur les deux côtés. Cette confusion se
prolonge dans deux longues séquences, celle du bal (il embarque le
costume d'un magicien, on pense à Peter Sellers dans The Party)
et celle du tournage d'une scène de bagarre. Finalement, Harold
deviendra acteur mais par défaut, lors de cette bagarre, il a fait
rire aux éclats le directeur du studio.
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