Nous
avions Guy Bedos, Guy Marchand et maintenant Guy Jamet. Il est lui
aussi une vedette (comme on disait) qui a commencé sa carrière dans
les années 1960 et qui continue les galas à travers la France. Guy
Jamet est un chanteur de variétés, il a eu des succès, ses
chansons sont légères comme tout, elles racontent l'amour avec des
couleurs, pas de noirceur dans les paroles ni dans les mélodies. Guy
Jamet est un romantique au premier degré.
Guy
est joué par Alex Lutz. Le jeune comédien joue un vieux chanteur
avec un raccord de maquillage extrêmement bien fait (on est loin de
Leonardo Di Caprio dans J. Edgar de Clint Eastwood). A qui
ressemble ce chanteur ? Personnellement, je trouve qu'Alex Lutz
s'est fait la posture d'André Dussolier, il en adopte la gestuelle
mais aussi sa manière de parler un peu hachée, vaguement
nonchalante avec des accélérations subites.
Il
regarde la caméra, fixe son interlocuteur droit dans les yeux. Car
le principe, rare en France, est celui du faux documentaire et ça
marche, Guy est une belle réussite. Tout est filmé en caméra
objective par un gars qui se prénomme Gautier (Tom Dingler) et qu'on
ne verra presque jamais, il tient sa petite caméra et observe ce
chanteur d'une autre génération. Gautier pense qu'il est le fils de
Guy, c'est en tout cas ce que lui a dit sa mère depuis décédée
(Brigitte Roüan en flash-back).
Guy
a une vie bien remplie qu'il vit en Provence dans une villa dans les
garrigues avec Sophie son épouse (Camille Arbillot), bien plus jeune
que lui, une actrice série télé. Mais il vit surtout avec ses
chevaux. Guy aime faire du cheval, cela le calme. Même si son
médecin lui a interdit, à cause des assurances pour la tournée que
Guy Jamet est en train de faire. Le chanteur est peut-être ringard
mais il est encore en tournée.
C'est
sur cette tournée que Gautier prend prétexte à filmer, avec des
nombreux allers-retours en Provence. On suit la petite troupe, ses
musiciens trentenaires, ses choristes, tous voyagent en car de ville
en ville. Alex Lutz filme les concerts de son personnage et les
chansons sont touchantes, c'est franchement gonflé parce qu'elles
sont à l'opposé total de ce que je peux aimer, entre guimauve et
cliché romantique, mais Alex Lutz les incarne avec prestance.
La
présentation de clips d'époque avec Marina Hands ou Elodie Bouchez
sont remarquablement reconstitués, on se croirait dans une émission
de Maritie et Gilbert Carpentier. Nicole Calfan, épatante, est
l'impresario de Guy, comme une sorte de maman aimante et
compatissante. On a droit à une émouvante venue de Dani défiant le
temps cinématographique et rendant hommage à cette époque où Alex
Lutz devait découvrir toutes ces vedettes à la télé.
Un
grand mouvement traverse le film. Le besoin inextinguible de Guy de
séduire. Gautier filme un repas où il drague éhontément une
certaine Nathalie, il n'en parlera pas à Sophie. Cette séduction
s'applique aussi à Gautier. Guy veut tout à coup quitter le
documentaire, se sentant jugé par le jeune réalisateur. Mais il ne
peut pas résister à la force d'être au centre du film et revient,
le film prend alors une allure mélancolique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire