Sofia
(Meryem Benm'Barek, 2018)
Un
premier film pour commencer cette quinzaine, signée par une
réalisatrice marocaine. Trois classes sociales s'affrontent dans
Sofia où le personnage éponyme n'a pas compris qu'elle est
enceinte. Sofia appartient à la classe moyenne, ses parents espèrent
atteindre la bonne bourgeoisie en faisant des affaires avec un ami.
Celle qui décèle la grossesse de Sofia est sa cousine, fille d'un
Français et d'une Marocaine, elle vit au bord de la mer dans une
belle demeure. Elle parle français la plupart du temps. La troisième
famille est celle d'Omar, il habite les quartiers pauvres, Sofia
affirme qu'il est le père de son enfant. Cette topographie constitue
l'essence de la mise en scène de la cinéaste. Elle décrypte en un
temps très court toutes les contradictions dans ce pays où se sont
les femmes qui dirigent la vie des hommes, en tout cas dans la sphère
familiale. Sofia est une jeune femme au caractère ambiguë, elle
tire la tronche pendant tout le film avant d'arborer un étrange
sourire.
Silent
voice (Naoko Yamada, 2016)
Autre
réalisatrice, autre pays. Silent voice est l'un des animés
les plus tristes du moment autour d'une adolescente sourde qui se
voit harceler par un élève. Ce dernier va se repentir une fois
adulte et chercher à se faire pardonner mais le pardon au Japon
semble une chose d'une extrême complexité. Tout le monde se ligue
contre le jeune homme qui se montre incapable de regarder quiconque
en face, les fait disparaître de sa vision. Concrètement, cela est
mis en scène avec des grosses croix qui barrent les visages de ceux
qui n'existent plus. Je trouve le film un peu trop long.
Thunder
Road (Jim Cummings, 2018)
Avec
sa fine moustache et sa grande taille, le flic qu'interprète Jim
Cummings dans son premier film fait penser à Jim Carrey dans Fous
d'Irène. Dès le long plan séquence de l'enterrement de la mère du
policier, on décèle tous les tics de l'acteur qui ne vont cesser de
s'amplifier. Ce sont les allers et retours entre l'euphorie et les
pleurs. Tout le film ne joue que là-dessus et le scénario joue sur
la corde sensible avec une gamine, la fille du flic. C'est tout le
conformisme du cinéma indépendant qui se déploie sous nos yeux.
Le
Pape François un homme de parole (Wim Wenders, 2018)
Je
n'avais pas vu un film de Wim Wenders depuis 2005 (Don't come
knocking), il ne m'avait pas manqué et je ne suis pas certain de
savoir pourquoi je suis allé voir ce film sur notre bon pape
François. Bon, c'est le mot, oh certes, le film est hagiographique
et pas qu'un peu. Sa bonne parole est donnée avec bon cœur. Il
déteste la guerre, il déteste l'argent, il déteste les méchants,
comment ne pas aimer François ? Il parle des gays, il parle des
prêtres pédophiles (pas dans la même phrase), il pratique
l'œcommunisme, va prier à Jérusalem autant au mur des lamentations
que à la mosquée Al Aqsa. A vrai dire, le talent de Wim Wenders
fait de son film un film de stricte propagande, peut-être que dans
quelques années les élèves en cinéma étudieront ce film pour
apprendre comment on met en scène la propagande.
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