Je
voyais le DVD de The Myth of the American sleepover dans la
bibliothèque depuis quelques mois sans que personne ne l'emprunte
jamais et regarder Under the silver lake m'a poussé à me
demander ce à quoi pouvait ressembler le premier de David Robert
Mitchell, tourné quatre ans avant It follows (que j'avais
beaucoup aimé, je vais le regarder à nouveau). C'est déjà un film
aux multiples personnages et une virée dans un temps limité (une
journée de la vie d'un ado) et un lieu circoncis (quelques lieux
dans une banlieue proprette de Chicago).
Le
sleepover est la soirée pyjama qui apparaît ici comme une
institution aussi importante que le bal de promo dans les autres teen
movie. L'âge des protagonistes varie peu, entre 14 et 17 ans et
c'est la fin de l'été. Ce qui frappe de prime abord est la
profusion des personnages et qui, volontairement, se ressemblent
tous, que des ados d'une grande banalité. Personne n'a encore de
téléphone portable, de smartphone plaçant le film dans un film
d'époque, celle de la jeunesse du cinéaste probablement, comme un
film vaguement autobiographique rempli de souvenirs personnels.
Parmi
la vingtaine de jeunes garçons et jeunes filles du récit, il s'en
détache quatre. C'est que le cinéaste choisit de plonger le
spectateur directement dans ce flot d'ados, il ne les présente pas
(mettons avec une voix off, avec une scène qui dépeint leur
caractère). Voici Maggie, blonde décolorée, piercing qui observe
le garçon de piscine, voici Pat qui flashe sur une blonde au
supermarché, voici Scott le plus âgé jamais remis de sa rupture
avec la reine de promo et enfin Claudia nouvelle venue au lycée.
Il
n'arrive rien à tous ses personnages, David Robert Mitchell cherche
à s'éloigner le plus possible du teen movie qui trouva son heure de
gloire au milieu des années 1990, ce sont des micro récits sans
importance. Il s'éloigne également des enjeux des films de l'écurie
Judd Apatow, comme pour avec l'alcool. Les personnages de Supergrave
passaient leur temps à acheter de quoi picoler, ceux de The Myth
of the American sleepover boivent sans que l'on sache comment ils
ont pu se procurer cette vodka et cette bière, jamais ils ne
s'inquiètent de s'enivrer.
Aucun
adulte ne vient interférer dans ces histoires que vivent ces jeunes
gens, le film est un espace temps sans parents, il ne joue pas sur
l'autorité qui viendrait altérer les rapports entre les personnages
et sur les interdits (alcool, mixité, dépucelage). C'est un film
plus proche d'Eric Rohmer que de John Hughes avec une direction
d'acteurs minimaliste, celle des bras ballants et des voix blanches,
finalement la manière dont s'expriment les adolescents un peu bêtas
du monde entier. Ce qui passait pour de l'amateurisme se révèle
être du réalisme.
Ceux
qui ont vu Under the silver lake se rappellent la danse de la
fille aux ballons, un moment de grâce similaire est dans The Myth
of the American sleepover. Maggie met du jazz sur le transistor
et se met à danser, comme une comédie musicale avec un grand
sourire. Et l'eau tient une grande importance dans le film, l'élément
révélateur de l'intimité de chacun, comme dans elle le sera dans
les deux films suivants du cinéaste. Le film ne révolutionne pas le
film d'ados mais il possède un ton singulier et doux pour faire
exploser cette idée du mythe.
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