Après
les amours contrariées, voici le film d'action. A la fin de la
première partie des 10 commandements, avant que les
spectateurs ne se reposent pendant l'intermède, Josué (John Derek)
s'était échappé des mines où l'avait enfermé Dathan (Edward G.
Robinson), le Juif renégat qui a séquestré Lilia (Debras Paget),
la femme qui aime Josué et qui l'aime en retour. Josué débarque au
pied du mont Sinaï pour enfin convaincre Moïse (Charlton Heston)
d'aller sauver le peuple hébreu toujours asservi par Ramsès. C'est
Sephora (Yvonne de Carlo) qui reçoit Josué et elle lui dit qu'il
est au sommet de la montagne pour converser avec Dieu – qui a pris
la forme d'un buisson ardent.
Moïse
accepte enfin de quitter sa montagne pour retourner en Egypte. Muni
de son bâton, symbole de son spectre divin, porteur d'une barbe et
d'une chevelure dignes d'un patriarche, il embarque femme et enfant
mais aussi son frère Aaron (John Carradine). Traditionnellement,
Aaron se fait le porte-parole du message de Moïse. Il parvient sans
aucun mal à entrer dans le palais de son ancien frère Ramsès (Yul
Brunner) qui trône à côté de Nefretiri (Anne Baxter) qui lui a
donné un fils.. Il lui donne un message clair « Free my
people », libère mon peuple. Mais le cœur de Pharaon s'était
endurci et le souverain refuse de libérer le peuple hébreu.
Ce
message s'accompagne d'un tour de passe-passe, Moïse va changer son
bâton en serpent pour impressionner le Pharaon. Ça ne marche guère,
il en a vu d'autres, seule Nefretiri prend peur, il demande même à
ses mages de faire le même tour. Mais le serpent de Moïse avale
ceux des mages de Ramsès. C'est l'heure des plaies d'Egypte. Il y en
a sept dans L'Exode mais pour éviter des répétitions, Cecil B.
DeMille n'en filme que trois. La première est celle de l'eau du Nil
qui devient sang quand elle est touchée par le bâton. Les effets
spéciaux déploient leur magie (le rouge arrive progressivement),
tout comme avec les nuages menaçants pour la grêle qui prend feu.
En
1956, pour le spectateur c'était évidemment impressionnant (comme
le transport des statues massives dans la première partie) de voir
dans ce cadre immense ces transformations. Plus de 60 ans après le
tournage, le charme de ces effets fonctionne encore, d'autant que le
réalisateur prend soin de ne pas se confronter aux insectes (les
poux et les sauterelles) plus compliqués à mettre en scène, ils
sont seulement évoqués dans les dialogues. Avec la dernière
annonce de Moïse, tuer les premiers nés d'Egypte (donc le fils de
Nefretiri), c'est un nuage vert qui se répand au sol, dans les
ruelles de Gosen comme dans le palais royal. Là, l'effet spécial
est plus simple mais morbide.
C'est
évidemment le passage à travers la mer rouge qui est le morceau de
bravoure du film. Dans la narration il intervient après de
nombreuses scènes de foule quand Ramsès libère enfin le peuple de
Moïse – faut dire que son fils est mort – et que les Hébreux se
réunissent tous. Ce sont les rares moments où le film se permet
quelques légèretés, quelques gags burlesques avec tous ces
figurants dans des postures parfois compliquées (un enfant dort sur
le dos d'une vache), avec ces objets qui tombent, avec les retards au
démarrage (l'âne qui ne veut pas partir « 400 ans à faire la
bête de somme et aujourd'hui, il ne veut pas partir »), avec
ces animaux facétieux (le chameau qui mange les dattes). Ce sont des
moments très joyeux, un peu cacophoniques.
Dans
ce passage dans la mer rouge, on retrouve Dathan qui revient à la
charge pour décrier Moïse auprès des hébreux. Il affirme qu'ils
sont dans un cul-de-sac. D'autant plus que Ramsès décide, après
plusieurs jours à se lamenter que son dieu de granit n'ait pas
réussi à rendre la vie à son fils, à attaquer le peuple qui
s'enfuit. Sous un ciel noir, sur un rocher qui surmonte la mer, Moïse
en appelle à l'Eternel. La mer s'ouvre donc, créant deux murs d'eau
entre lesquels les figurants passent avec leurs charrettes et leurs
animaux. Avant que n'arrivent les chars du Pharaon, ils seront
engloutis par les masses d'eau. C'est toujours aussi joli à regarder
d'autant que certains plans sont clairement des reproductions de
tableaux de musée.
Le
dernier effet spécial correspond aux tables de la Loi et de la
gravure des dix commandements sur la roche (Cecil B. DeMille affirme
sans rire dans la bande annonce que le granit utilisé vient vraiment
du Mont Sinaï). Après l'eau de la mer rouge, ce sont des pépites
de feu qui se cognent sur le roche pour inscrire ces préceptes. Le
personnage d'Aaron, peu vu jusqu'à présent, prend une plus grand
place avec le veau d'or et la grande scène d'orgie, encore une scène
de foule totalement chaotique et un peu décadente (sans l'ombre d'un
bout de peau, tout doit rester pudibond). Après un dernier fracas
(Moïse jette ses tables de loi, la terre s'écroule), le film tente
de revenir au récit biblique avec les 40 ans d’errements des
Hébreux sous l’œil de Moïse du haut de la montagne.
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