L'Apparition
(Xavier Giannoli, 2017)
La
bonne surprise que représente L'Apparition est d'autant plus
grande que Marguerite, le précédent film de Xavier Giannoli
était bancal et souvent raté, et que je garde une terrible souvenir
de Rodin où Vincent Lindon était incompréhensible. Là, le
mixage son de sa voix est meilleur. Comme d'habitude le cinéaste
traite le thème de l'usurpation d'identité (la jeune Anna a-t-elle
vraiment vu la vierge ?), le journaliste qu'est Vincent Lindon
enquête minutieusement, trop selon les autres enquêteurs dont Elina
Lövinsohn dans un rôle totalement opposé à celui des Garçons
sauvages). L'Apparition est l'inverse absolu des films de
Ron Howard adaptés de Dan Brown, pour parler de sujets vaguement
proches. Le récit est très foisonnant et cela aurait pu donner une
splendide série télévisuelle, sur Arte par exemple, tant le nombre
de personnages divers est grand, mais tous superbement incarnés.
Pour une fois, j'aurais voulu que le film dure plus longtemps.
Black
Panther (Ryan Coogler, 2017)
Rien
ne différencie vraiment le rythme de ce nouveau Marvel des
précédents Avengers, c'est d'un ennui mortel : les rares
scènes d'action sont d'une lenteur invraisemblable, notamment la
course-poursuite en Corée, tout est horriblement mal écrit (tous
les gags tombent à plat), visuellement douteux (le vaisseau
futuriste du roi semble voler comme en 1998) et politiquement
indigeste. Car le sujet principal de Black Panther est la
lutte du pouvoir entre deux cousins, l'un est le roi d'un pays
imaginaire d'Afrique (comme au bon vieux temps des Tarzan,
alors que les autres nations sont bien réelles, Corée, Angleterre
et USA), l'autre est un gamin pauvre de Californie, oublié de sa
famille, renié et renégat. Ils vont se faire la guerre pour le
trône. Certains personnages (le soldat qu'incarne Danai Gurira) sont
ancrés dans un déterminisme hiérarchique inquiétant « je
suis loyale à ce trône, peu importe qui soit assis dessus »
dit-elle, peu importe en effet que Michael B. Jordan, le prétendant
au trône soit un tyran en puissance, l'important est que les
coutumes ancestrales soient appliquées. C'est d'une naïveté
confondante d'autant que ce pays est censé être le plus développé
de toute l'Afrique, mais en secret. La plupart des acteurs sont
hollywoodiens (ou britanniques : Andy Serkis, mauvais comme
c'est pas possible, Martin Freeman mais qui joue un Américain et
Daniel Kalluya l'excellent premier rôle de Get out) mais
parlent avec un accent prétendument africain, c'est très étrange,
on pourrait presque parler d'African-washing.
Moi,
Tonya (Craig Gillepsie, 2017)
Le
film a beau s'appeler Moi, Tonya, promettant un portrait à la
première personne, c'est une variété d'opinions qui défile, face
à la caméra comme dans un documentaire, façon reportage télé
cadré en 4/3 dans ces courts entretiens. Ce sont cinq subjectivités
qui s'affrontent, Tonya Harding (Margot Robbie), sa mère LaVona
(Allison Janney), son mari Jeff (Sebastian Stan), Shawn le meilleur
ami de ce dernier (Paul Walter Hauser) et sa coach Diane (Julianne
Nicholson). C'est le bal des faux-culs pour dresser le portrait de
Tonya de sa petite enfance, elle commence le patinage à 3 ans forcée
par une mère autoritaire, une vraie marâtre, jusqu'au fait-divers
scabreux contre Nancy Kerrigan. Jeff est un mari violent, LaVona est
une mère brutale, Shawn un mythomane qui se prend pour un espion et
Diane à côté de ses pompes. La force du film est de raconter ce
sinistre destin d'une plouc qui veut faire un sport de la haute
société comme un vaudeville.
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