« Welcome
to Welcome », Welcome est le nom du patelin où débarque le
trio de braqueurs de banque. William dit le Kid (Harry carrey Jr, le
film est dédié à son père) est le plus jeune, Pedro dit Pete
(Pedro Armendariz) et Bob (John Wayne) le chef. Ils viennent de
traverser la plaine pour cette endroit de l'Arizona et Bob a décidé
qu'ils vont attaquer la banque. Avant la ville s'appelait Tarentule,
un nom moins accueillant que Welcome.
Ils
font une halte devant une maison coquette, sur la boîte aux lettres,
Bob se moque du nom du propriétaire « B. Sweet », sois
doux. Cela va très bien avec
Welcome. Le propriétaire, Buck Sweet (Ward Bond) dépasse la tête
de la barrière, il coupait les arbustes. Il souhaite la bienvenue à
ces trois horsains et son épouse apostrophe son mari en l'appelant
Perley, ce qui fait encore plus rire Bob et ses comparses.
On
leur offre une bonne tasse de café, on cause gentiment, on se sourit
aimablement quand Buck Sweet revêt sa veste où l'on découvre
l'étoile de shérif. Le sourire de Bob et Pete se fige quelque peu
et Buck a bien compris qu'ils ne sont pas là par courtoisie. La
force du Fils du désert,
dès cette magnifique scène d'ouverture menée tambour battant, est
de montrer que Buck et Bob sont le revers de la même médaille, deux
hommes miroir.
Le
braquage ne se déroule pas bien, le Kid est blessé à l'épaule par
le shérif qui a vite réagi, c'est la fuite dans le désert à
cheval. John Ford magnifie les dunes balayées par le vent, dans ce
superbe technicolor, le sable du désert prend les apparences d'une
mer déchaînée où le trio paraît perdu au milieu de ces vagues de
sable hostile, de cette nature peu accueillante, contrairement à
Welcome. Ils sont des naufragés.
Sweet
engage des adjoints et décide de poursuivre les braqueurs. Il était
parvenu à percer leur gourde, il en conclue qu'ils devront forcément
faire une halte à une réserve d'eau. Sweet et ses hommes grimpent
dans le train (le cheminot les brusque un peu, il regrette les 8
heures de retard de son train, Le
Fils du désert regorge de cet
humour pince-sans-rire absolument délicieux) avec des mulets et
chevaux pour attraper les fugitifs.
Ce
sont deux trajets, deux traversées du désert qui entrent en jeu. La
recherche d'eau pour Bob et ses comparses, il faut soigner le Kid qui
saigne et se déshydrate. Buck Sweet de son côté poste ses hommes à
chaque gare pour que Bob, Pete et Kid ne se servent pas d'eau. Le
trio brouille les pistes en modifiant leur itinéraire initial, ce
que Sweet mettra un peu de temps à comprendre (et le train a
maintenant 15h29 de retard se lamente le cheminot).
C'est
en changeant d'itinéraire après avoir longuement marcher qu'ils
découvrent ce chariot apparemment abandonné. John Ford en profite
pour expérimenter un flash-back sur ce qui est advenu à cet
endroit. John Wayne, assis, plan fixe sur lui, raconte ce qui a pu se
passer, avec une économie de mots, sans images, le spectateur
imagine parfaitement que le conducteur du chariot a dynamité le
puits, qu'il est parti et que sa femme est à l'agonie.
Triste
destin de ces voyageurs qui devaient se rendre à Welcome (Buck et sa
femme les attendaient) pour célébrer Noël. La femme à l'agonie
est enceinte, c'est Pete qui va l'aider à accoucher de son fils et
le trio, tels les Rois mages, sont désormais les parrains de cet
enfant. Ils décident de lui donner leurs trois prénoms Robert
William Pedro, chacun oubliant de donner le citer ceux des deux
autres comparses.
Comment
trois célibataires endurcis vont apprendre à s'occuper d'un bébé ?
Par chance, la maman avait préparé un coffre plein de vêtements,
de lait concentré et pourvu d'un livre qu'ils vont consulter. C'est
l'un des plus beaux passages du Fils
du désert, ce calme où ils
apprennent à devenir parents, ou parrains, avec candeur, non sans
chamaillerie et railleries. Voir John Wayne donner le biberon avec
tendresse, c'est sublime.
On
l'aura compris, le film affûte la parabole sur la Nativité,
l'étoile du berger et les Rois Mages sont là. Dans la roulotte, il
traîne aussi une Bible dont le Kid va lire des extraits. John Wayne
joue celui qui ne croit pas en Dieu mais va se convertir grâce à
une ânesse et son petit (il faut croire pour être sauvé de la
soif). Passé ce passage religieux, le finale après l'arrestation de
Bob est d'une grande force, tout en délicatesse et humour.
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