L'un
des mystères de 2001 l'odyssée de l'espace a, à une époque,
été de savoir si Pink Floyd avait réellement composé une musique
pour le film et, conséquence de cela, si cette musique existait
encore. C'était il y a près de 30 ans quand le film avait un peu
plus de 20 ans et moi, et mes amis fans du groupe de rock progressif
psychédélique, nous cherchions ce Graal. Certains bootlegs du
groupe affirmaient que cela était la musique faite pour 2001,
un morceau évidemment long qui s'appelait The Man. Parfois, nous
décortiquions les morceaux existants pour les affecter à certaines
séquences et scènes du film de Stanley Kubrick. A Saucerful of
secrets (1968) aurait parfaitement collé avec la scène
hallucinatoire en fin de film quand Dave traverse l'au-delà sidéral,
notamment le solo de batterie de Nick Mason. J'imaginais que les
compositions refusées auraient été utilisées dans les albums
postérieurs au film. Ainsi, certains moments grandiloquents de Atom
Heart Mother (1971) auraient bien collé à la valse de la nef
astrale autour de la Terre. Pour la partie où l'on découvre la vie
de Dave (Keir Dullea) et Frank (Gary Lockwood), la chanson Alan's
Psychedelic Breakfast aurait été parfaite. Pour la partie de l'aube
de l'humanité, le solo strident de guitare au milieu d'Echoes dans
l'album Meddle (1970) aurait été adéquat.
Cela
aurait donné un film tout autre, sans aucun doute moins bon. Je
crois cependant que si j'aime autant 2001 l'odyssée de l'espace,
c'est grâce à Pink Floyd, les créateurs de la chanson Astronomy
Domine (1967). Je revois depuis 25 ans le film très régulièrement,
chaque fois avec un émerveillement inégalé. Aujourd'hui que le
film a 50 ans, je me rends compte que je n'ai rien à écrire sur le
film, en tout cas rien de plus que les 120 pages écrites par Michel
Chion dans son livre sur Kubrick. Mais chaque fois, j'élabore des
théories que finalement je garde pour moi. Pour poursuivre sur la
musique, je n'en reviens jamais de deux moments que j'admire. Plus
que Ainsi parlait Zarathoustra sur les simiesques qui brisent les
crânes avec ces lourdes percussions, je préfère le douceur de
l'adagio du soviétique Aram Katchatourian tiré du finale de
Gayaneh, une mélodie toute en douceur parfois à peine audible, une
mélopée pour la mélancolie des deux astronautes en route pour
Jupiter. Stanley Kubrick filme leur vie quotidienne, les repas
lyophilisés, les parties d'échec, le repos après le sport. J'ai
toujours trouvé cette séquence d'une grande beauté et d'une grande
tristesse. Inversement, les vocalises composées par György Ligeti
me plonge dans une incroyable joie tout autant que le Danube bleu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire