Le
vieux paysan qui les avait pris en auto-stop les avait prévenu :
ne quittez pas la route, n'allez pas dans la lande. Mais les deux
touristes américains, David Kessler (David Naughton) et Jack Goodman
(Griffin Dunne) sont sortis de la route et ont traversé la lande.
Ils font pendant l'été un voyage à travers l'Europe. Pour
l'instant, avant de rejoindre l'Italie et son soleil, ils sont au
Pays de Galles et il ne fait pas chaud.
Ils
rejoignent, la nuit tombée, un village et, le ventre affamé, se
rendent dans l'auberge du coin tout simplement appelée « l'agneau
dépecé », l'enseigne montre un loup langue pendante, la
gueule tranchée piquée au bout d'une hallebarde. Les voici dans ce
charmant lieu fort animé, les villageois jouent au fléchettes, aux
échecs en buvant de la bière. Dès que le duo met un pas dans
l'auberge, tout le monde se tait.
L'atmosphère
se détend un peu jusqu'à ce que Jack demande pourquoi un pentacle,
entouré de bougies, est dessiné sur le mur. Les visages se ferment
à nouveau, le joueur de fléchettes leur suggère de quitter les
lieux, non sans avoir, là aussi recommandé de ne pas quitter la
route, de ne pas aller dans la lande et de faire attention à la
pleine lune. Evidemment, David et Jack quittent la route et
s'enfoncent dans la lande brumeuses.
Dans
la première scène, on avait pu remarquer la couleur des doudounes
des deux amis. Celle de Jack a la couleur de la lande, c'est qui qui
se fera dévorer par elle, qui va mourir déchiqueté par le
loup-garou. Celle de David est rouge comme le sang. Il survivra à
l'attaque du lycanthrope grâce à l'intervention des villageois mais
cette couleur rouge le prédestinait, comme celle de Jack qui
deviendra, plus le film avance, de plus en plus vert.
David
se réveille trois semaines plus tard dans un hôpital de Londres. La
police (un duo de fins limiers qui n'est pas sans rappeler celui de
Dreyfus – Clouseau, l'un d'eux commet de nombreuses gaffes) conclue
à l'attaque par un meurtrier fou (a
lunatic pour poursuivre la
métaphore) alors que David, griffé sur l'abdomen et sur le visage,
sait pertinemment que c'est un animal qui a tué Jack et l'a blessé.
On a aperçu furtivement sa mâchoire.
Hospitalisé,
David est pris de terribles cauchemars variés. Dans l'un, il se
promène nu dans les bois, parfois en caméra subjective au ras du
sol et il tue un paisible daim pour le dévorer. Dans un autre, il
est dans sa famille aux USA, son père ouvre la porte et tous se font
décimer par des tueurs armés de mitraillettes. Ces hommes ont des
visages de loup-garou et portant des casques allemands. Parfois, un
cauchemar cache un autre cauchemar.
Ceci
est la partie terrifiante de la nouvelle vie de David. Elle
s'agrémente de la visite de Jack, resté dans les limbes. Son
cadavre vient causer avec David aux moments où il s'attend le moins,
à l'hôpital, puis dans la chambre à coucher enfin dans un cinéma
porno. Jack a un conseil tout simple à donner à son ami : il
faut qu'il se donne la mort avant la prochaine pleine lune sans quoi
il va se transformer en loup-garou et tuer des innocents.
Passée
la surprise, la conversation devient badine entre les deux amis, l'un
des ressorts comiques paradoxaux du Loup-garou
de Londres. L'incongruité est
à son sommet dans le cinéma porno (le film projeté a des dialogues
hilarants). L'état de Jack se détériore (ce pourrissement qui le
rend vert) mais le surnaturel devient un élément banal, une routine
dans la vie de David et la conversation est ponctuée de réflexions
très drôles.
Seulement
voilà, David ne se rappelle pas sa transformation en loup-garou. Il
ne se rappelle pas avoir tué six personnes. Il a beau s'être
réveillé dans le zoo de Londres, dans la cage des loups, il
n'arrive pas à se faire à l'idée qu'il est un loup-garou. Tout ce
qui l'intéresse est le retour de l'infirmière Alex Price (Jenny
Agutter) qui l'héberge et dont il est tombé amoureux. Une romance
quasi adolescente et charmante.
La
transformation de David en loup-garou a lieu dans l'appartement
d'Alex. David s'ennuie à mourir, il regarde la télé anglaise,
l'horreur. La chaleur l'envahit. Il enlève ses fringues, nu la
métamorphose commence, filmée par fragments, mains, dos, jambes,
torse, visage, comme le faisait 20 ans plus tôt Jerry Lewis dans Dr.
Jerry et Mister Love. Les poils poussent sur le corps de David
comme une gangrène incontrôlable.
John
Landis rend hommage au Loup-garou
de Lon Chaney dans une discussion cocasse où le film sert de
référence à Jack et David sur l'attitude à adopter. Le cinéaste
pousse la délicatesse à mettant dans la bande sonore que des
chansons avec le mot Moon (en premier lieu Blue Moon). J'imagine que
Quincy Jones et Michael Jackson lui ont demandé de réaliser le clip
de Thriller
après avoir ce qui reste l'un de ses meilleurs films.
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