Sam
Loomis, tel est le nom du personnage que joue John Gavin dans
Psychose. L'acteur est décédé le 9 février à 86 ans. Il
avait tourné à la fin des années 1950 (deux grands films de
Douglas Sirk) puis dans les années 1960 le jeune premier que son
physique avantageux lui permettait. La même année que Psychose
était sorti Spartacus de Stanley Kubrick (il était Jules
César, rien que ça, sept ans après Marlon Brando) puis tourna dans
de nombreux films de série B avant de s'engager en politique, côté
Parti Républicain.
Il
est dans le premier plan de Psychose, presque premier plan qui
arrive juste après le fameux générique et ces travellings avant
sur la fenêtre de l'immeuble où on découvre un lit sur lequel
Marion Crane (Janet Leigh) est en sous-vêtements et lui en pantalon
torse nu. Scandale, ils viennent de faire l'amour en pleine journée.
Il est pour l'instant coupé (le plan sexe) avant de lentement, elle
comme lui de se rhabiller tout en discutant. Ils sont donc amants,
pas mariés et la (semi) nudité était encore peu prisée et Alfred
Hitchcock savait contourner les interdits.
Sam
Loomis parcoure le film de sa présence, il quitte d'abord au bout de
dix minutes le récit pour se concentrer sur sa maîtresse, Marion
Crane, secrétaire qui décide de dérober 40000 dollars à son
patron. Elle devait les déposer à la banque et choisit de partir
loin de Phoenix, Arizona au volant de sa voiture. La beauté de cette
fuite est mise en scène en regard caméra et sans
aucun dialogue intérieur de Marion Crane, les yeux les plus
inquiétants du cinéma d'Alfred Hitchcock, où elle imagine que son
vol va lui créer des ennuis.
Ce
policier sur une route déserte s'approche, il gare sa voiture devant
celle de Marion Crane et il la réveille, elle dormait après cette
nuit dans son véhicule. Elle reprend son chemin mais le policier
continue de la suivre, de la surveiller de loin, ses lunettes de
soleil sur les yeux (opposant par là le regard caméra de Marion
avec le regard aveugle du flic). Payant avec l'argent dérobé, elle
change de voiture et poursuit son chemin, toujours aussi inquiète,
cette fois Hitchcock reprend des dialogues entendus plus tôt en
voice over.
Deuxième
jour de fuite, Marion ne veut plus dormir dans sa voiture et s'arrête
devant un motel tenu par un charmant jeune homme, Norman Bates
(Anthony Perkins). Le sourire confus, le verbe hésitant, les mains
peu sûres, Norman Bates accueille Marion sous la pluie. Sur le
registre, elle donne un faux nom (Marie Samuels). Toutes les chambres
sont libres, plus personne ne passe par cette route. Norman installe
Marion dans une chambre à la décoration bucolique : des
tableaux d'oiseaux sont accrochées au mur.
Ranger
ses affaires (elle glisse l'argent dans un journal), manger un bout
en compagnie de Norman, discuter avec lui, il est tard et Marion veut
prendre une douche. Norman l'espionne par un trou sur le mur et
quitte la pièce pour rejoindre sa maman qui vit dans la grande
maison sinistre adjacente. Et la scène de douche, acmé de Psychose,
génie de montage, un film à elle seule, arrive enfin avec la
troublante et immense musique de Bernard Herrmann en stridences
lancinantes, en répétitions soudaines et abruptes.
Voilà
ainsi Marion Crane morte au bout de deux bobines de film. La maman de
Norman Bates a commis le crime et Norman va camoufler le méfait de
sa mère, nettoyer la douche, ranger Marion dans le rideau et jeter
le tout dans le coffre de la voiture avant de jeter la voiture dans
des marais. La scène de ce travail minutieux est aussi silencieuse
et aussi inquiétante que le regard caméra de Marion Crane dans sa
fuite. Jamais Norman ne se penchera sur le journal dans lequel Marion
a caché l'argent, McGuffin de Psychose.
Retour
en ville, loin du Motel Bates où Sam Loomis apprend de Lila (Vera
Miles) la sœur de Marion qu'elle n'a pas donné signe de vie depuis
trois jours. Puis apparaît un détective, Arbogast (Martin Balsam)
engagé par le patron de Marion. L’enquête commence, le trio part
à la recherche de Marion et de l'argent volé. Direction le Motel
Bates encore une fois accueilli par Norman, l'opposition physique
entre le grand maigrichon et ce costaud qu'est Sam Loomis est
accentué dans le duel final entre les deux hommes.
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