En
avril 2017, j'avais rapidement écrit sur un documentaire vietnamien
Le Dernier voyage de Madame Phung qui évoquait la vie de
travestis dans un groupe de forains. On découvrait que c'était la
vie d'attractions de foire, pas franchement simple dans un pays
encore corseté par ses traditions. Finding Phong est le
portrait d'un homme de 30 ans à peine (le tournage a commencé en
2012 et s'est étalé sur trois ans), il vit à Hanoï, loin de sa
famille et travaille dans un théâtre de marionnettes.
Les
premières images de Phong sont celles d'un journal filmé sur son
téléphone portable. Il pleure en gros plan, se lamente sur son
sort. La fête du Têt, avec ses feux d'artifice, ne parvient pas à
lui donner un peu de joie. Phong, le déclare au spectateur, il est
une femme emprisonnée dans un corps d'homme. Il a les cheveux
courts, il s'habille encore en homme mais aime se contempler parfois
dans un miroir. « Je suis bien foutu » dit-il en petit
slip Tommy Hilfiger.
Les
deux documentaristes Tran Phuong Thao et Swann Durus prennent le
relais du journal intime et filment dans son quotidien Phong. Il
répare et rénove les marionnettes, il discute avec ses amies, il va
visiter sa mère et son père. Ces derniers sont plutôt âgés. Le
père reste silencieux, cheveux et barbe blanches, il fume sa
cigarette tandis que la maman exprime ses doutes sur l'opération que
Phong envisage de faire.
Le
Viet Nam ne permet pas de changer de sexe, c'est donc en Thaïlande
que Phong se rend. Un processus long, plus d'une année, pour
démarrer par la prise d'hormones pour changer sa physionomie jusqu'à
la transformation de son sexe en clitoris et vagin. Phong balbutie
l'anglais, tente de se faire comprendre par le médecin thaï et de
comprendre ce qu'il dit. Chez lui, il regarde sur Internet des images
des opérations à suivre.
A
Bangkok, il est en admiration devant deux ladyboys, ces travestis qui
conservent leur sexe masculin mais prennent des hormones pour avoir
des seins. Il les complimentent, discutent avec elles. Elle se
moquent gentiment, avec un grand sourire, de lui. « Je suis une
fille », dit-il pendant qu'elles cherchent à toucher son
entrejambe. « Tu es un garçon », répondent-elles. Il se
considère comme un katoey, un transexuel.
Chronologiquement,
le récit suit la transformation. De retour de Thaïlande, Phong
commence la prise de pilules. Avec une grande ellipse temporelle, il
ne reste que trois pilules à son traitement. Les documentaristes
choisissent par cette ellipse de supprimer la charge socilogique.
Entre les deux scènes, il s'est passé des mois où Phong a laissé
ses cheveux pousser, où il met des robes abandonnant ses pantalons
et où il a repris confiance en lui.
Ses
amies le soutiennent et le font rire, un médecin lui pose de bonnes
questions, sa mère lui souhaite une « route couverte de
fleurs ». Mais quand l'opération approche, elle tente de le
convaincre de renoncer. C'est là que le papa parle pour la première
fois, avec des paroles rassurantes et un soutien qu'il n'attendait
plus. « Avant les transexuels étaient dans un piège,
maintenant la science peut les aider ».
La
dernière partie de Finding Phong se passe en Thaïlande. Son
grand frère Cuong l'accompagne pour ce dernier voyage en homme.
Phong va enfin se trouver et finir en femme avec un beau et large
sourire. Fini en 2015, le film a été montré aux autorités du Viet
Nam très rugueuses sur la transexualité afin de changer les lois à
leur encontre. Le film sort aujourd'hui dans quelques salles en
France.
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