lundi 5 mars 2018

The Living end (Gregg Araki, 1992)

Un 13 avril (1992?) à Los Angeles, l'un s'appelle Jon (Craig Gilmore), l'autre s'appelle Luke (Mike Ditry), Jon Luke, hommage transparent à Godard. Jon est critique de cinéma, dans l'entrée de sa maison, une affiche de Made in USA est sur le mur, dans sa chambre quand il écrit sur son ordinateur (le mot fuck à l'infini), il travaille devant l'affiche de Nouvelle Vague. Pour son quatrième film, très indépendant (comprendre : budget riquiqui), Gregg Araki salue son confrère suisse. Il ponctue chaque scène (ou presque) avec un cadre noir qui évoque autant le style de Godard des années 1980 que Flesh de Paul Morrissey.

Luke est également confronté au cinéma, de manière totalement différente, ni critique, ni spectateur, ni admirateur de Godard, il rencontre quelques personnages issus de Hollywood. Beau gosse, Luke décide de faire du stop torse nu, histoire d'attirer le chaland, il se fait remorquer par deux lesbiennes qui l'aguichent avant de le braquer avec un revolver, elles ont vu Thelma et Louise et ne veulent pas se faire avoir comme avec Brad Pitt. Plus tard, il sera menacé par trois loubards qui portent des t-shirts sur l'un est écrit Sex lies and videotape, sur l'autre Drugstore cowboy. Le cinéma indépendant de l'époque.

Gregg Araki n'a jamais caché sa passion pour le cinéma mais The Living end vaut pour bien autre chose. La rencontre entre Jon et Luke se fait par hasard, ils se percutent, Jon conduit, Luke se jette sur le clapot. Ils ne vont plus se quitter. Ce jour-là, quand commence l'exosquelette narratif, Jon vient d'apprendre qu'il est séropositif. Le médecin lui annonce, sur un ton badin, non sans avoir rappelé qu'il faut se protéger, « vous la population à risque ». Il va se faire consoler par son amie Darcy. C'est sur le chemin du retour qu'il emboutit Luke, il le ramène chez lui. Luke dira à son nouvel ami qu'il l'aimera jusqu'à la fin des temps.


« A film is a gun and a girl », chez Gregg Araki, un film c'est un flingue et deux mecs qui sont filmés le plus souvent possible à moitié nu, comme des icônes érotiques. Luke imberbe porte son blouson de cuir sur son torse nu, jean déchiré aux genoux, et il a un flingue. Jon le vire aussitôt de chez lui et le regrette immédiatement. Il va revenir et ils vont partir dans un road movie minimaliste de Los Angeles à San Francisco. Ils font l'amour (ils sont tous les deux séropo), ils saignent, ils se disputent, ils se réconcilient. Ils se braquent au sens propre comme au figuré. C'est très bancal, parfois superficiel, résolument viscéral, The Living end était le premier film de Gregg Araki à sortir en France.




















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