Stephane
Audran s'est souvent appelée Hélène dans ses films, cinq fois pour
Claude Chabrol avec lequel elle a tourné 22 longs-métrages entre
Les Cousins (1958) et Betty (1992) et un sketch de
Paris vu par (1965) où l'actrice et le cinéaste jouaient
ensemble. C'est une longévité et une fidélité record dans le
cinéma d'après-guerre qui fait que Stephane Audran est l'un des
points cardinaux du cinéma français et de la Nouvelle Vague, les
autres actrices comme autant d'éléments seraient Jeanne Moreau (le
feu), Bernadette Lafont (la terre) et Anna Karina (le vent). Chacune
a un tempérament différent, celui de Stephane Audran est l'eau,
elle est l'image du calme, le visage impassible, le sourcil
légèrement relevé, la bouche qui amorce une petite moue.
Avec
Claude Chabrol, elle n'a pas tourné que des bons films, loin de là,
plus que Le Boucher, c'est La Femme infidèle (diffusé
mercredi soir sur Arte) qui est le chef d’œuvre de leur
collaboration artistique. Un film glacial sur l'hypocrisie bourgeoise
de la France de Pompidou. Claude Chabrol applique sur son actrice la
méthode Koulechov. Les effets du montage et de la mise en scène
affirment les émotions contradictoires que Hélène ressent.
Inversement, dans La Muette, le court de Paris vu par,
le couple s'amuse à déployer une cruelle vulgarité (le repas de
spaghettis). D'ailleurs, il est difficile de voir les films de Claude
Chabrol, très mal édité en vidéo (DVD et BluRay, films mal
compressés), l'un des cinéastes français les moins visibles, au
moins pour ses films des années 1960 et 1970.
En
dehors de Claude Chabrol, Stephane Audran a joué dans quelques films
de Samuel Fuller. Dans The Big Red One, elle aide Lee Marvin
et Mark Hamill a tué des nazis dans un asile de fous en Belgique
(elle a l'occasion de recevoir un langoureux baiser de Mark Hamill).
En 1987, elle tourne dans deux films totalement opposés, Le
Festin de Babette, film en costumes empesé qui vaut pour sa
dernière séquence où elle prépare un copieux à des Danois
rigoristes. Dans Les Saisons du plaisir, le dernier bon film
de Jean-Pierre Mocky, elle est une nymphomane qui rivalise
d'obscénités avec Sylvie Joly, elle excelle dans l'humour potache.
C'est dans Le Charme discret de la bourgeoisie de Luis Buñuel
qu'elle éblouit. Elle avait arrêté le cinéma il y a une dizaine
d'années. Stephane Audran est décédée mardi 27 mars.
Les Bonnes femmes (Claude Chabrol, 1959)
Landru (Claude Chabrol, 1962)
La Muette - Paris vu par (Claude Chabrol, 1965)
Le Scandale (Claude Chabrol, 1966)
Les Biches (Claude Chabrol, 1968)
Le Boucher (Claude Chabrol, 1969)
La Rupture (Claude Chabrol, 1970)
Juste avant la nuit (Claude Chabrol, 1971)
Un pigeon mort sur Beethovenstrasse (Samuel Fuller, 1972)
Le Charme discret de la bourgeoisie (Luis Buñuel, 1972)
The Big Red One (Samuel Fuller, 1980)
Les Saisons du plaisir (Jean-Pierre Mocky, 1987)
Le Festin de Babette (Gabriel Axel, 1987)
Betty (Claude Chabrol, 1992)
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